P140 - Recherche d’un seuil pertinent d’albuminémie pour dépister une dénutrition hospitalière indépendamment de la CRP - 07/12/10
C Prud’homme [1],
A Le Mouel [2],
M Musikas [1],
E Vastel [2],
C Joubert [2],
B Dupont [1],
S Viennot [1],
M-A* Piquet [2]
Voir les affiliationsIntroduction et But de l’étude. – L’HAS considère que lorsque la CRP est > 15 mg/L, l’albuminémie n’est pas interprétable comme variable nutritionnelle, ce qui rend ce critère non utilisable en routine puisque la plupart des patients hospitalisés ont un état inflammatoire. L’objectif de cette étude était de déterminer, dans une population hospitalisée, un seuil d’albuminémie prédictif de dénutrition, indépendamment de la CRP.
Matériel et Méthodes. – Les paramètres nutritionnels (taille, poids, circonférence du bras [CB], amyotrophie) et biologiques (albumine, CRP) ont été recueillis prospectivement chez des patients hospitalisés non sélectionnés. Étaient exclus les services de réanimation et soins palliatifs. La dénutrition était définie par IMC < 18,5 (ou 21 si ≥ 70 ans), ou perte de poids > 5 % en 1 mois ou > 10 % en 6 mois, ou amyotrophie si l’anthropométrie était ininterprétable (ascite, œdèmes). Les variables quantitatives, exprimées en moyenne ± écart-type, ont été comparées par test t de Student et les variables qualitatives par test du Chi2. La sensibilité (Se), spécificité (Sp), valeur prédictive positive (VPP) et négative (VPN) de l’albuminémie pour le diagnostic de dénutrition étaient calculés pour différents seuils, et le meilleur compromis Se/Sp était évalué par courbe ROC. Les corrélations étaient déterminées par test de Pearson.
Résultats. – Trois cent dix-neuf patients ont été inclus, d’âge 62 ± 17 ans, dont 42 % de dénutris, 15 % avec œdèmes ou ascite. La CRP était supérieure à la norme du laboratoire (6 mg/L) chez 76 % des patients et supérieure à 15 mg/L dans 63 % des cas. L’albuminémie était supérieure à la norme du laboratoire (37 g/L) dans 16 % des cas. L’albuminémie était de 27,6 ± 7 g/L chez les dénutris vs 30,2 ± 6 chez les non dénutris (p = 0,0008). L’albuminémie et la CRP était corrélées négativement (r = – 0,3 ; r2 = 0,09 ; p < 0,001) et la corrélation était également significative si on n’incluait que des patients ayant une CRP ≤ 15 mg/L (r = – 0,37 ; r2 = 0,13 ; p < 0,001). Pour la population globale, le meilleur compromis Se/Sp pour dépister une dénutrition était obtenu en utilisant comme critère une albuminémie ≤ 25 g/L (Se 43 %, Sp 77 %, VPP 57 %, VPN 65 %). La performance de l’albuminémie n’était pas meilleure si on n’incluait que les patients ayant une CRP ≤ 15 mg/L (Se 23 %, Sp 83 %, VPP 52 %, VPN 58 %). L’âge < 70 ans vs ≥ 70 ans n’influençait pas la performance diagnostique de l’albuminémie. L’albuminémie ≤ 25 g/L était prédictive de la mortalité hospitalière (13 % vs 3,2 % si albuminémie > 25 g/L ; p = 0,0008). De même la dénutrition et la CB ≤ 25 cm étaient prédictives de la mortalité hospitalière (p = 0,03 et p = 0,01), alors que l’IMC et la CRP ne l’étaient pas (p = NS).
Conclusion. – Le seuil de CRP de 15 mg/L proposé par l’HAS comme invalidant la performance de l’albuminémie n’est pas confirmé dans cette étude. Même si ses performances sur le diagnostic de la dénutrition restent médiocres, l’albuminémie ≤ 25 g/L est un outil facilement disponible et peu coûteux, qui a l’intérêt d’être prédictif de la mortalité hospitalière.
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Vol 24 - N° S1
P. 115-116 - décembre 2010 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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