P131 - Qualité et pertinence clinique de la prescription de nutrition parentérale au CH de Dieppe - 07/12/10
Introduction et But de l’étude. – La nutrition parentérale (NP) est moins physiologique, comporte plus de risque de complications et est plus coûteuse que la nutrition entérale. Pour ces raisons, elle doit rester un traitement de dernier recours de la dénutrition. Ce travail, entrepris à la demande du CLAN, a pour but d’évaluer la pertinence de l’indication de nutrition parentérale au CH Dieppe.
Matériel et Méthodes. – Cette étude prospective a été réalisée dans 6 unités de soins en juin 2009. Tous les patients recevant une alimentation parentérale ont été inclus. La pertinence de l’indication de NP a été évaluée selon plusieurs critères : état de dénutrition avéré, voie digestive non fonctionnelle (ou contre-indication à son utilisation) et durée d’hospitalisation de plus de 7 jours. La qualité de la prise en charge a été analysée en tenant compte du délai de mise en place de la nutrition, de la durée, de la voie et du débit d’administration et de l’apport ou non en vitamines et minéraux. On considère la prise en charge quantitative satisfaisante lorsque les apports caloriques correspondent aux besoins nutritionnels théoriques du patient (± 10 %). Le calcul des apports intègre les apports entéraux et parentéraux.
Résultats. – Vingt-deux patients ont été inclus dans l’étude, 16 présentent une dénutrition, dont 13 une dénutrition sévère. Pour 27,3 % (n = 6) patients, l’indication de NP n’était donc pas justifiée puisque ces patients ne n’étaient pas dénutris. Pour les patients dénutris, 43,7 % (n = 7) reçoivent une NP alors que la voie digestive est fonctionnelle. On ne retrouve que très rarement dans les dossiers patients la justification de l’indication de NP 4,5 % (n = 1), le bilan nutritionnel 9,5 % (n = 2) et le statut nutritionnel 22,7 % (n = 5). Pour mémoire, le recueil de ces deux derniers critères est obligatoire pour définir la performance de la prise en charge nutritionnelle (HAS V2010). La prise en charge nutritionnelle qualitative est bonne puisque le délai d’introduction est court : 2 jours en médiane (extrêmes 1-17), seul l’apport en phosphore et magnésium dans la nutrition parentérale exclusive est souvent négligé (dans plus de 70 % des cas). Seuls 18,5 % (n = 4) des patients reçoivent une alimentation mixte conforme à leurs besoins caloriques théoriques, la majorité des patients (54,5 %, n = 12) reçoivent des apports supérieurs (de 11,7 à 94,5 % à leurs besoins), et 27 % (n = 6) patients sont insuffisamment nourris (de – 49 à – 27 % des besoins). Chez les patients en nutrition parentérale exclusive, une analyse des apports en azote a été réalisée : la plupart des patients (7/9) ont des apports protéiques insuffisants (– 66,3 % à – 14 %).
Conclusion. – Au total, cette évaluation révèle une prescription de nutrition parentérale trop souvent approximative et inadaptée. La recherche d’un avis diététique, trop peu demandé, et la réalisation systématique du bilan nutritionnel permettraient d’optimiser les prescriptions de NP et leurs indications, en favorisant la voie entérale. Cette étude a motivé la réalisation par le CLAN d’un outil d’aide à la prescription de nutrition, et une réflexion sur un principe de formation-information des prescripteurs. Une nouvelle évaluation des pratiques sera programmée afin de mesurer l’impact des mesures correctives sur la qualité des pratiques professionnelles.
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Vol 24 - N° S1
P. 111 - décembre 2010 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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