P055 - Le NIASPAN, inducteur d’insulino-résistance chez des sujets dyslipidémiques après 8 semaines de traitement ? - 07/12/10
E* Blond [1],
S Lambert [1],
J Rieusset [2],
A-C Degouville [3],
H Vidal [2],
J Goudable [1],
M Laville [1]
Voir les affiliationsIntroduction et But de l’étude. – Le Niaspan (NLP) est utilisé en thérapeutique comme agent hypotriglycéridémiant. Cette action semble reliée à son effet anti-lipolytique. Cet effet bénéfique, sur le plan lipidique, semble s’accompagner d’un effet rebond des acides gras non estérifiés (AGNE), qui pourrait être à l’origine de l’altération du métabolisme glucidique parfois rapportée. Notre but était de déterminer si le NLP en utilisation chronique altérait la sensibilité à l’insuline (SI) de sujets dyslipidémiques et d’étudier la relation entre altération de la SI et modification des concentrations en AGNE.
Matériel et Méthodes. – Nous avons mené une étude randomisée, croisée, de 2 fois 8 semaines sous Niaspan (2 g/j) ou placebo chez 20 hommes présentant une obésité abdominale et une dyslipidémie mixte sans diabète. La SI a été étudiée à l’aide d’un clamp euglycémique hyperinsulinique (n = 10). Les concentrations en AGNE et TG ont été étudiées après prise en aigu, en plus du traitement chronique par NLP ou placebo, de niacine (NLI)/placebo (n = 20). Une étude complémentaire de l’effet NLP sur les cellules hépatiques HuH7 a été réalisée afin d’apprécier l’effet NLP sur la SI hépatique et l’expression des gènes de la néoglucogenèse.
Résultats. – Après 8 semaines de traitement, on note une amélioration du profil lipidique avec une baisse des TG (28 %) et du LDL-c (13 %) et une augmentation du HDL-c (17 %) ainsi qu’une altération du métabolisme glucidique avec une augmentation significative de la glycémie (5,4 ± 0,5 vs 5,9 ± 0,6 mM), de l’insulinémie (12 ± 7 vs 18 ± 10 mUI/L) et du HOMA (3,0 ± 1,8 vs 4,7 ± 3,0) signant l’apparition d’une insulino-résistance (IR) des sujets sous NLP, sans modification des AGNE. Lors du clamp, on note une moindre inhibition de la production endogène de glucose (PEG) au palier 1 des sujets sous NLP (0,7 ± 0,4 vs 1,0 ± 0,5 mg/kg/min, p < 0,05) ainsi qu’une tendance à la diminution d’utilisation du glucose (6,28 ± 2,47 vs 5,49 ± 1,81 mg/kg/min). Les résultats sur les cellules HuH7 confirment l’existence d’une IR hépatique suite à la diminution significative du rapport pPKb/PKb en présence d’insuline après traitement par NLP (3 mM) sans modification de l’expression des gènes de la néoglucogenèse.
Sous NLI seul, les AGNE diminuent en relation avec l’effet anti-lipolytique du NLI puis un effet rebond est observé suivi d’un retour à la normale (Nadir : 382 ± 184 vs 124 ± 82 – Pic : 429 ± 182 vs 834 ± 338 – T480 : 560 ± 159 vs 573 ± 176 µM) sans qu’il soit associé une diminution des concentrations de TG. Sous NLP seul, on ne note pas de changement des concentrations d’AGNE mais une diminution des concentrations en TG (2 154 ± 1 024 vs 1 375 ± 484 µM,p < 0,01).
Conclusion. – Le NLP induit une IR hépatique en augmentant significativement la PEG. L’effet rebond des AGNE, non observable à jeun après 8 semaines de traitement, ne semble pas être impliqué. Le NLP induit une diminution significative des TG non expliquée par l’effet anti-lipolytique du NLP, non retrouvé en chronique. Un lien entre diminution des TG et apparition d’une IR doit être recherché et pourrait résider dans l’inhibition directe de la DGAT2 hépatique par le NLP, cette inhibition enzymatique ayant été retrouvée sur des modèles cellulaires hépatiques.
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Vol 24 - N° S1
P. 75 - décembre 2010 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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