P032 - Variations saisonnières de l’insécurité alimentaire des ménages à Ouagadougou (Burkina Faso) - 07/12/10
Y* Martin-Prevel [1],
E Becquey [1],
AM Konaté [2],
H Delsol [3],
M Lange [4],
M Zoungrana [5],
F Delpeuch [1]
Voir les affiliationsIntroduction et But de l’étude. – L’urbanisation continue de croître à grande vitesse dans le monde en développement et, notamment suite aux récentes crises des prix alimentaires et de l’économie mondiale, le nombre d’urbains pauvres a considérablement augmenté. L’insécurité alimentaire des ménages dans les grandes villes africaines est pourtant très peu documentée et n’est quasiment jamais prise en compte dans les systèmes nationaux de surveillance. En outre, la saisonnalité des apports alimentaires, qui est bien connue dans le milieu rural, est très rarement étudiée en ville. L’objectif de cette étude était donc de mesurer les variations saisonnières des apports alimentaires au niveau des ménages de la ville de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso.
Matériel et Méthodes. – Un échantillon aléatoire de 1 056 ménages représentatif de la population de Ouagadougou a été enquêté à deux reprises en 2007, d’abord en saison de soudure (juin-juillet), puis en saison post-récoltes (novembre-décembre). À chaque saison, l’alimentation du ménage a été mesurée au moyen de deux rappels des 24 heures non-consécutifs. L’adéquation des apports alimentaires a été estimée, au niveau du ménage, par le calcul du NAR (Nutrient Adequacy Ratio) pour l’énergie et pour 11 micronutriments (Vitamines A, B1, B2, B3, B6, B12 et C, fer, zinc, acide folique, calcium), puis du MAR (Mean Adequacy Ratio) pour l’ensemble énergie + micro-nutriments, de façon à permettre une appréciation globale de l’insécurité alimentaire du ménage. Les prix des aliments ont été relevés aux deux saisons, ainsi que diverses caractéristiques sociodémographiques et économiques des ménages. L’analyse a été faite à l’aide de modèles mixtes de régression linéaire.
Résultats. – Le MAR était significativement plus bas en saison de soudure qu’en saison post-récoltes (0,48 vs 0,54 ; p < 0,0001). Ceci résultait de NAR significativement plus faibles pour l’énergie et pour tous les micronutriments étudiés (sauf la vitamine B12). Après ajustement sur les prix des aliments et les différents cofacteurs économiques ou démographiques ayant évolué entre les deux enquêtes, l’effet saisonnier sur le MAR restait significatif (p = 0,0015). On observait en saison de soudure une plus faible consommation de légumes, en quantité comme en fréquence, une moindre consommation également de poisson séché et un recours plus fréquent aux aliments achetés tout prêts dans la rue. Ces résultats n’étaient pas différents pour les ménages pratiquant l’agriculture urbaine.
Conclusion. – L’insécurité alimentaire des ménages à Ouagadougou est importante et plus grave en saison de soudure qu’en saison post-récoltes, même en tenant compte des variations de prix. Une plus faible diversité de l’offre sur les marchés et un recours plus fréquent aux aliments de rue en raison de diverses contraintes saisonnières (pluies, moins de bois de chauffe, déplacements…) peuvent expliquer ce phénomène.
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Vol 24 - N° S1
P. 64 - décembre 2010 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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