O023 - La susceptibilité aux troubles métaboliques engendrés par un régime hyper-lipidique est transmissible via un transfert de microbiote intestinal - 07/12/10
T* Le Roy [1],
M Llopis [1],
S Rabot [1],
A Bruneau [1],
C Bevilacqua [2],
P Martin [2],
G Perlemuter [3],
A-M Cassard-Doulcier [3],
P Gérard [1]
Voir les affiliationsIntroduction et But de l’étude. – L’obésité prédispose à un ensemble de pathologies sévères telles que le diabète de type 2 et la stéatohépatite non alcoolique. Ces pathologies sont caractérisées par une insulino-résistance et une inflammation systémique de bas grade. Récemment, des éléments ont suggéré que ces pathologies sont associées à une dysbiose du microbiote intestinal. Il a été également montré que l’administration d’antibiotiques ou de probiotiques entraîne une diminution de cette inflammation. Notre objectif est de démontrer que le microbiote intestinal joue un rôle dans le développement de ces pathologies. Pour cela, nous avons étudié le caractère transmissible de la susceptibilité à ces pathologies via le transfert de microbiote intestinal.
Matériel et Méthodes. – Vingt-quatre souris mâles C57BL/6J ont reçu un régime hyper-lipidique pendant 16 semaines. À l’issue de ces 16 semaines, deux souris ont été selectionnées sur la base de leur réponse au régime hyper-lipidique. L’une, appelée NR pour non répondeuse, présentait une glycémie à jeun et un taux d’IL6 plasmatique faibles. L’autre, appelée R pour répondeuse, a développé une hyper-glycémie et un forttauxd’IL6. Les deux souris pesaient respectivement 39,4 et 40,2 g. Deux groupes de 18 souris axéniques (dépourvues de microbiote intestinal) ont été colonisés avec les microbiotes des souris R et NR (receveuses R et NR). La glycémie et l’expression hépatique de gènes impliqués dans le métabolisme lipidique et glucidique et dans l’inflammation ont été mesurées chez les deux groupes de souris receveuses à l’issue de 16 semaines de régime hyper-lipidique.
Résultats. – À l’issue de ces 16 semaines, les deux groupes de souris colonisées ont développé une obésité comparable (35,4 g ± 3,2 g vs 34,5 g ± 4 g). Les souris ayant reçu le microbiote R sont devenues hyperglycémiques alors que les souris ayant reçu la flore NR sont restées normoglycémiques (132,7 mg/dl vs 104,4 mg/dl). De plus, quatre gènes du métabolisme lipidique sont significativement plus exprimés dans le foie des receveuses R par rapport aux receveuses NR : 1) deux facteurs de transcription : SREBP1 et ChREBP, 2) un gène impliqué dans la synthèse d’acides gras : ACC1 et 3) un gène impliqué dans l’absorbtion d’acides gras et de lipoprotéines : CD36.
Conclusion. – Nous avons ainsi démontré qu’il est possible de transmettre la susceptibilité aux atteintes métaboliques et hépatiques induites par un régime hyper-lipidique par un transfert de microbiote. Un microbiote favorable ou défavorable peut donc contribuer à la prévention ou à l’aggravation de ces pathologies. Ces résultats seront complétés par l’analyse d’autres paramètres afin de préciser l’implication du microbiote intestinal dans les NAFLD (anatomopathologie, dosage du taux de lipides hépatiques, composition du microbiote intestinal des souris donneuses et receveuses, sécrétion de cytokines pro et anti-inflammatoires par les macrophages hépatiques). Menée à terme, cette étude pourrait ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques basées sur la modulation du microbiote intestinal.
Plan
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Vol 24 - N° S1
P. 32-33 - décembre 2010 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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