O022 - La prise de poids s’accompagne d’une augmentation précoce de graisse ectopique par défaut de captation des lipides alimentaires dans le tissu adipeux - 07/12/10
M* Alligier [1 et 2],
L Gabert [1],
M Sothier [1],
F Pilleul [3],
H Vidal [2],
M Laville [1]
Voir les affiliationsIntroduction et But de l’étude. – La prise de poids s’accompagne d’un développement du tissu adipeux. Cette capacité de développement semble cependant limitée conduisant à l’apparition de dépôts ectopiques de graisse. Notre objectif était de caractériser, les mécanismes précoces pouvant contribuer à la mise en place de dépôts ectopiques de lipides, chez l’homme sain lors d’une prise de poids.
Matériel et Méthodes. – Vingt hommes sains, âgés de 30 ± 2 ans avec un indice de masse corporelle de 25,0 ± 0,7 kg/m2 ont été soumis à une surnutrition hypercalorique et hyperlipidique de 56 jours (+ 760 Kcal/jour, 70 g de lipides). Les paramètres anthropométriques et métaboliques ont été déterminés à J0 et à J56. Les variations de volume des tissus adipeux sous-cutané et viscéral (TAV) et le contenu en lipides du foie ont été quantifiés par IRM au niveau abdominal. Pour étudier l’impact du régime sur le métabolisme post-prandial des lipides, 12 sujets de la cohorte ont ingéré un repas test contenant un traceur des acides gras, qui a ensuite été quantifié dans les lipoprotéines (chylomicrons et VLDL) et dans les acides gras plasmatiques (AGL). Le « spill over » des AGL exogènes, reflet de l’équilibre entre lipolyse vasculaire des triglycérides exogènes et les capacités de stockage de l’adipocyte, a été calculé. Des études suggèrent que l’augmentation du « spill over » pourrait signer une saturation des capacités de stockage du tissu adipeux dans des conditions d’apport excessif, potentiellement à l’origine de la formation des dépôts ectopiques.
Résultats. – La surnutrition a induit une prise de poids de 2,8 ± 0,3 kg (p = < 0,0001) associée à une augmentation de la masse grasse (7 ± 2 %, p = 0,05), du volume de graisse abdominale (17 ± 4 %, p = 0,0003) et du contenu en lipides intrahépatique (15 ± 5 % p = 0,01). L’insulinémie (12 ± 4 %, p = 0,01) et l’index HOMA ont augmenté (15 ± 5 %, p = 0,01) entre J0 et J56 de même que le rapport insulinémie/glycémie postprandial (19 %, p = 0,049). La concentration de traceur dans la fraction des AGL ainsi que le « spill over » ont été augmentés à J56 (43 %, p = 0,006 et 38 %, p = 0,03), sans modification de la concentration du traceur dans les VLDL. De façon extrêmement intéressante, la variation de la concentration du traceur dans la fraction des AGL est fortement corrélée à la variation du TAV (r = 0,728, p = 0,0055).
Conclusion. – En période dynamique de prise de poids, le devenir des lipides exogènes a été modifié au profit de la formation de dépôts ectopiques au niveau du TAV et du foie. La sensibilité à l’insuline des sujets se détériore pendant cette même période. La forte corrélation entre les AGL marqués libérés dans la circulation et l’augmentation du TAV suggère que ce « spill over » pourrait contribuer à la réorientation de lipides ingérés vers la graisse intra-abdominale et les dépôts ectopiques, reconnus comme associés à l’insulino-résistance. Des analyses génomiques sont en cours dans des biopsies de tissu adipeux prélevées à J0 et J56 pour définir, les mécanismes régulateurs mis en cause dans ce processus d’adaptation à la prise de poids.
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Vol 24 - N° S1
P. 32 - décembre 2010 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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