O001 - Rôle des mutations du récepteur de type 4 aux mélanocortines dans l’obésité infantile - 07/12/10
B* Dubern [1],
H Hooton [2],
R Alili [2],
F Yei [2],
J Le Bihan [3],
P Tounian [1],
K Clément [2]
Voir les affiliationsIntroduction et But de l’étude. – Le récepteur de type 4 aux mélanocortines (MC4R) joue un rôle-clé dans le contrôle hypothalamique de la prise alimentaire. Nous avons montré que les mutations de MC4R sont impliquées dans 2-3 % des obésités de l’enfant avec une transmission autosomique dominante et des conséquences fonctionnelles in vitro. Cependant, le phénotype spécifique des sujets porteurs de ces mutations reste discuté en dehors de l’obésité précoce. Récemment, des données chez l’animal ont suggéré le rôle du système mélanocortine sur la tolérance au glucose et sur le contrôle de la pression artérielle. Le but de notre travail est donc d’étudier la relation entre présence d’une mutation de MC4R et caractéristiques phénotypiques et notamment métaboliques (tolérance au glucose, pression artérielle).
Matériel et Méthodes. – Le séquençage direct du gène de MC4R a été réalisé chez 976 enfants obèses (âge 12,6 ± 3,6 ans ; Z-score IMC 4,2 ± 1,2 DS). La production d’AMPc à l’état basal et en réponse au ligand alpha-MSH ainsi que l’expression membranaire ont été étudiées in vitro pour chaque mutation. Le phénotype métabolique (métabolisme glucidique [glycémie et insulinémie à jeun, HOMA, présence ou non d’une intolérance au glucose], pression artérielle et bilan lipidique) a été comparé en fonction de la présence ou non d’une mutation de MC4R et selon le type de conséquence fonctionnelle in vitro (rétention intracytoplasmique du récepteur muté, activité basale du récepteur et/ou défaut de réponse à l’alpha-MSH).
Résultats. – Vingt mutations ont été identifiées chez 22 enfants obèses non apparentés (fréquence des mutations 2,2 %). Les caractéristiques phénotypiques et notamment métaboliques des sujets porteurs d’une mutation de MC4R n’étaient pas significativement différentes de celles des sujets non porteurs d’une mutation après ajustement sur l’IMC, l’âge et le sexe (insulinémie à jeun : 16,2 ± 2,1 vs 14,0 ± 0,4 µU/ml, NS ; HOMA : 3,5 ± 0,5 vs 3,0 ± 0,1, NS ; pression artérielle (PA) systolique : 122,9 ± 3,1 vs 117,3 ± 0,8 mmHg, NS ; PA diastolique : 59,9 ± 2,1 vs 61,8 ± 0,4 mmHg, NS ; triglycéridémie à jeun : 1,32 ± 0,35 vs 1,29 ± 0,31 mmol/l, NS). Huit mutations étaient responsables d’une rétention intracytoplasmique du récepteur muté (mutations de classe 1). Les autres mutations étaient quant à elles responsables d’un défaut de réponse à l’alpha-MSH et/ou d’une atteinte de l’activité basale (mutations de classe 2). Les sujets porteurs d’une mutation de classe 1 avaient un Zscore de l’IMC (5,3 ± 0,3 vs 3,9 ± 0,3 DS ; p = 0,01) et un Zscore de taille (2,2 ± 0,4 vs 0,7 ± 0,4 DS ; p = 0,01) significativement plus élevés par rapport aux sujets ayant une mutation de classe 2. Il n’y avait pas de différence significative pour les caractéristiques métaboliques étudiées en fonction des classes de mutations.
Conclusion. – Notre travail confirme le rôle des mutations de MC4R dans l’obésité infantile avec une obésité plus sévère et une accélération de la croissance staturale plus importante chez les enfants obèses porteurs d’une mutation responsable d’une rétention intracytoplasmique in vitro. En revanche, aucun autre phénotype spécifique et notamment métabolique n’est associé à la présence d’une mutation de MC4R dans notre population.
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Vol 24 - N° S1
P. 21 - décembre 2010 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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