L'arrivée sur le marché de nouvelles molécules comme les inhibiteurs spécifiques de la recapture de la sérotonine (ISRS) a entraîné une prescription exponentielle d'antidépresseurs chez l'enfant et l'adolescent. L'absence de données incontestables concernant l'efficacité des ISRS comparés au placebo dans la dépression, associée à une perspective plus globale d'obligation d'évaluation de toute thérapeutique médicamenteuse utilisée en pédiatrie, a abouti à une interdiction de l'utilisation des ISRS, à l'exception de la fluoxétine, dans cette indication. Cette décision s'appuie également sur la constatation d'effets secondaires notables avec principalement l'augmentation du risque de passage à l'acte suicidaire chez les patients sous molécules actives. Une bonne connaissance des arguments ayant amené à cette prise de décisions ainsi que de la littérature récente sur le sujet peut permettre d'établir des recommandations quant aux règles de prescriptions des antidépresseurs chez l'enfant et l'adolescent. Ces recommandations tiennent compte des particularités pharmacocinétiques de l'enfant et de l'indication de traitement (épisode dépressif majeur, troubles obsessionnels compulsifs ou troubles anxieux sévères) tout en gardant à l'esprit que ces traitements ne peuvent en aucun cas être utilisés dans l'urgence et qu'ils doivent s'inclure dans une perspective de soins plus globale associant entre autres un accompagnement de l'enfant et de sa famille et une prise en charge psychothérapique.