La motivation pour se soigner relève d’une motivation extrinsèque plus ou moins puissante selon la perception du bénéfice escompté. La prévention suppose une projection dans le temps dont l’aptitude varie selon les individus. L’autosurveillance glycémique permet certes de concrétiser et d’actualiser le risque, mais elle peut susciter l’angoisse si elle ne débouche pas sur un autocontrôle efficace. Les recommandations issues de l’evidence based medicine permettent de définir des normes statistiques, facilitant les changements de comportement des médecins et des patients. Cependant, l’individu ne supporte pas d’être réduit à une norme. En effet, chacun est tiraillé entre un moi rationnel, régi par des règles et des normes partagées, et un moi identitaire à l’irréductible singularité, régi par la loi d’optimisation du bien-être et l’évitement de la souffrance. Aider le patient à se motiver revient à l’aider à intérioriser autant que faire se peut la motivation extrinsèque pour se soigner, en lui donnant un sens par rapport à ses projets de vie, et en adaptant les contraintes thérapeutiques à son moi identitaire. Il est donc essentiel que le médecin, pour éviter d’être démotivant, permette au patient de se raconter.

Self care needs an external motivation. This motivation is more or less powerful according to the expected benefit. Prevention supposes to be able to project oneself in the future, but this aptitude is not equal for all of us. Self monitoring blood glucose actualizes the risk, but without self corrective action it can provoke anxiety. Today, objectives and targets are determined by evidence based medicine and professionals recommendations. Rules and norms help health care professionals and patients to change their behaviour, but people don’t like being reduced to norms. Indeed each one is torn between his “rational ego” and his “personal ego”. “Personal ego” is regulated by the quest of well being and by the avoidance of suffering. To help a patient to motivate himself, it is necessary to help him to internalize as much as possible external motivation, and adapt therapeutic constraints to his life. So, clinical practitioners have to facilitate self expression of the patient’s life story.