Utilisation de la nifédipine et de la nicardipine dans le traitement de la menace d’accouchement prématurée : données observationnelles en population - 11/10/10
pour le groupe EVAPRIMA
Résumé |
Objectif |
Les inhibiteurs des canaux calciques (ICC) sont les tocolytiques les plus fréquemment utilisés en première intention en France, représentés par la nifédipine (Adalate®) par voie orale, et la nicardipine (Loxen®) par voie intraveineuse. Aucune étude n’a comparé l’utilisation de la nifédipine et de la nicardipine dans le traitement de la menace d’accouchement prématuré (MAP). À partir de données observationnelles françaises, nous avons comparé les femmes traitées par l’un ou l’autre de ces ICC en étudiant les facteurs liés à leur prescription, la prolongation de la grossesse et les effets secondaires.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une analyse secondaire des données de l’enquête nationale EVAPRIMA évaluant les pratiques cliniques en cas de MAP en France dans 107 maternités. Seules les femmes traitées en première intention par un ICC ont été étudiées. Les déterminants étudiés liés à la prescription de l’un ou l’autre ICC étaient des facteurs de sévérité de la MAP. Nous avons étudié les facteurs associés à un accouchement dans les sept jours, à l’aide d’analyses uni- et multivariées. Les effets secondaires des deux ICC ont été répertoriés.
Résultats |
Trois cent quatre patientes ont été traitées en première intention par un ICC dans 73 maternités : 93 (30,6 %) patientes ont reçu de la nifédipine et 211 (69,4 %) de la nicardipine. Le choix se portait toujours sur le même ICC dans 69 maternités sur 73. Les patientes traitées par nifépidine étaient moins souvent admises après transfert in utero (6,5 %, versus 17,1 %, p=0,01) et avaient moins souvent une rupture prématurée des membranes (4,3 % versus 13,7 %, p=0,02), que celles traitées par nicardipine. Le délai médian entre l’admission et l’accouchement était significativement plus long lorsque la nifédipine était utilisée en première intention (44 jours versus 36 jours, p=0,04). Après ajustement sur les critères de gravité de la MAP, le risque d’accoucher dans les sept jours n’était pas significativement différent dans le groupe traité par nifédipine par rapport au groupe traité par nicardipine (OR ajusté=0,5 [0,2–1,2]). Deux (2,1 %) cas d’effets secondaires ont été rapportés chez les patientes sous nifédipine dont un nécessitant un changement de traitement versus 13 (6,2 %) cas pour celles ayant reçu de la nicardipine, dont trois motivant un changement de traitement (p=0,16). Cependant, du fait des biais et limites méthodologiques de ce type d’étude, nos résultats doivent être interprétés avec précaution.
Conclusion |
Le choix de l’ICC est probablement lié à la pratique du centre même si la nicardipine semble être préférentiellement choisie en cas de MAP sévère par rapport à la nifédipine. La nicardipine ne semble pas associée à une plus grande prolongation de la grossesse par rapport à la nifédipine par voie orale.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
Objective |
For the first line tocolysis, calcium channel blockers (CCB) – oral nifedipine (Adalate®) or intravenous nicardipine (Loxen®) – are frequently used in France. No study compared nifedipine and nicardipine in management of threatened preterm delivery. From data of a French observationnal study, we compared factors associated with the use of nifedipine and nicardipine. Efficacy and tolerance of the two treatments were also compared.
Methods |
It was a secondary analysis of EVAPRIMA study, a practice survey describing management of threatened preterm delivery in 107 French maternity units. Only women who received calcium channel blockers in their first line tocolytic therapy were included. We studied obstetrical factors associated with the choice of nifedipine or nicardipine. We also analyzed factors associated with a delivery within seven days following admission using univariate and multivariate analysis. Adverse secondary effects were compared between women who received nifedipine or nicardipine.
Results |
Three hundred and four women received calcium channel blockers for their first line tocolytic therapy, in 73 maternity units: 93 (30.6%) women received oral nifedipine and 211 (69.4%) intravenous nicardipine. The same CCB was always prescribed in 69 maternity units. Admission after in utero transfer was less frequent among women who received nifedipine (6.5% versus 17.1%, P=0.01). Premature rupture of the membranes was also less frequent among women who received nifedipine (4.3% versus 13.7%, P=0.02), in comparison with women who received nicardipine. Median duration between admission for threatened preterm labor and delivery was longer when nifedipine was used (44 days versus 36 days, P=0.04). After adjustment on obstetrical factors, the risk to have a delivery within 7 days following admission was not significantly different between nifedipine and nicardipine groups (adjusted OR=0.5 [0.2–1.2]). Among women who received nifedipine only two cases (2.1%) of adverse event were reported with only one case needing a switch of treatment. Thirteen (6.2%) cases of adverse event were reported among women who received nicardipine (P=0.16); in three cases it motivated a switch. However, due to bias and limits inherent in such studies, our results should be interpreted cautiously.
Conclusion |
Nicardipine is the first choice for French obstetricians in management of severe threatened preterm delivery. However, intravenous nicardipine does not increase gestationnal duration in comparison with oral nifedipine.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Menace d’accouchement prématuré, Tocolyse, Nifédipine, Nicardipine, Enquête de pratique
Keywords : Threatened preterm delivery, Tocolysis, Nifedipine, Nicardipine, Practice survey
Plan
Vol 39 - N° 6
P. 490-497 - octobre 2010 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.