Plusieurs auteurs ont évoqué le caractère péjoratif de l'immaturité psycho-affective notamment sur l'adaptation des sujets mais sans que des études comparatives aient été effectuées. L'objet de l'étude est de tester l'hypothèse, au sein d'une population de troubles psychiatriques variés, d'une moins bonne adaptation chez un groupe d'immatures par rapport à un groupe de non immatures. Quatre-vingt trois sujets (34 hommes, 49 femmes), d'âge moyen 37,67 (sd = 11,94) hospitalisés ou suivis en ambulatoire ont été inclus dans l'étude. Les critères d'immaturité proposés par Doutheau et al. en 1985 (dépendance affective, intolérance aux frustrations, immaturité sexuelle) étaient retrouvés chez 36 patients (43,37 %). Les deux groupes ont été comparés pour des variables qualitatives (sex-ratio, antécédents, emploi...) et des variables quantitatives (inventaire abrégé de dépression de Beck, BDI, score à l'échelle d'évaluation du fonctionnement social et professionnel, EFSP) par des test de Chi-2 et des t de Student. Les deux groupes ne différaient pas significativement quant au sexe, à l'âge et à la répartition diagnostique. La proportion de sans emploi était significativement plus élevée chez les immatures (61,11 %) par rapport aux non immatures (34,04 %). Les scores au BDI et à l'EFSP étaient respectivement significativement plus élevés et plus faibles chez les immatures par rapport aux non immatures. L'immaturité constitue un facteur de gravité, à travers une moins bonne adaptation sociale et professionnelle, chez les malades psychiatriques. Cet effet est indépendant du trouble psychiatrique auquel s'associe l'immaturité psycho-affective.

Several authors have suggested that emotional immaturity could constitute a bad prognosis factor in psychiatric disorders. The aim of the sudy was to test this hypothesis using two groups of psychiatric subjects with or without emotional immaturity. Eighty three psychiatric out or inpatients were included in the study. Emotional immaturity was rated using the diagnosis criteria of Doutheau et al. (1985) including dependency, sexual immaturity and low level of frustration tolerance. 43.37 % of the patients filled out these criteria (95 % confidence interval: 32.71-54.03). The two groups were compared concerning qualitative (sex-ratio, employment...) and quantitative variables using CHI square or Student's t tests. Depression and adaptive functioning were rated using the Beck Depression Inventory (BDI) and the Professional and Social Functioning Assessment Scale (PSFAS). There were not significant differences between the two groups on the following variables: sex-ratio, age, previous histories of psychiatric or somatic disorders, psychiatric diagnosis. The percentage of unemployment was significantly higher in immature subjects (61.11 %) than in non immature subjects (34.04 %). The BDI and PSFAS scores were significantly higher and lower in immatures than in non immatures. When depression was controled using a covariance analysis the difference on the PSFAS score remained significant between the groups. Emotional immaturity constitutes a factor that increases the severity of psychiatric disorders. That effect is independent of the psychiatric diagnosis.