Les dithiocarbamates constituent une famille de pesticides antifongiques largement utilisée en France. Cette étude s’est intéressée aux opérateurs exposés aux spécialités commerciales à base d’éthylène-bis-dithiocarbamates en viticulture, horticulture et culture de pommes de terre.

Quantifier l’exposition par une mesure de l’excrétion urinaire du principal métabolite, l’éthylènethiourée (ETU), et corréler les résultats aux pratiques observées.

Le protocole a associé l’étude des comportements des applicateurs dont les pratiques étaient observées par un médecin du travail ou un conseiller de prévention et le dosage de l’ETU avant (le matin du jour de l’observation) et après exposition (48heures à 96heures après la fin de l’exposition de ce jour d’observation).

Une élévation significative (p=0,0001) du taux d’ETU est constatée avec une médiane des taux urinaires avant exposition de 0,43μg/g de créatinine et de 2,62μg/g de créatinine après exposition. Seule l’efficacité du masque lors de la préparation a pu être démontrée en matière de protections individuelles (p=0,012) montrant dans ce cas la part prédominante de la contamination par voie respiratoire. À l’inverse, un effet préjudiciable de l’onychophagie est observé (p=0,043). Ces deux constats peuvent être expliqués par la formulation en poudre très fine inhalable des spécialités commerciales. Par ailleurs, la cabine de tracteur fermée aurait également un effet protecteur, résultat déjà observé lors d’une étude précédente.

Cette étude démontre l’intérêt d’une approche ergoexpologique pour une réelle évaluation et compréhension du risque professionnel lié à l’exposition à des substances chimiques en mesure d’orienter les alternatives en prévention primaire.

Dithiocarbamate fungicides are widely used in France. This study investigated winegrowing, horticulture and potato-farming workers exposed to commercial products containing ethylenebisdithiocarbamates.

To quantify exposure by measuring urinary excretion of the main metabolite, ethylenethiourea (ETU), and correlate the results with observed work practices.

The protocol comprised observation of the worker’s spraying technique by an occupational health physician or a prevention consultant and ETU determination before (in the morning of the day of observation) and after exposure (48h to 96h after the end of exposure on the day of observation).

A significant elevation (p=0.0001) of ETU levels was observed with a median urinary ETU level of 0.43μg/g of creatinine before exposure and 2.62μg/g of creatinine after exposure. The only significantly effective individual protective measure was the use of a mask during preparation (p=0.012), indicating the predominant role of respiratory tract contamination. In contrast, nail-biting was shown to have a negative impact (p=0.043). These two findings can be explained by the very fine inhalable powder formulation of commercial products. A closed tractor cabin also appeared to have a protective effect, as already observed during a previous study.

This study demonstrates the value of an occupational toxicology approach to provide a real evaluation and understanding of the occupational risk related to exposure to chemical substances in order to guide primary prevention measures.