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La dyspraxie, un objet neuroscientifique pour la psychanalyse ? - 08/09/10

Doi : 10.1016/j.neurenf.2010.01.001 
C. Weismann-Arcache a,
a EA 4306, laboratoire PSY-NCA, UFR psychologie, sociologie et sciences de l’éducation, rue Lavoisier, 76821 Mont-Saint-Aignan, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

À partir d’une clinique d’ex-psychologue scolaire, de psychologue clinicienne et d’enseignant-chercheur en psychologie clinique, nous proposons d’interroger la dyspraxie à trois niveaux épistémologiques, soit en tant que signifiant actuel, en tant qu’entité clinique ou psychopathologique, et en tant que paradigme théorique. (1) En tant que signifiant actuel : l’émergence de symptomatologies infantiles désignées dans le champ du corps et du mouvement s’inscrit dans cette perspective contemporaine : dyspraxie et hyperactivité évoquent un trouble de la représentation du corps en mouvement, gestualité empêchée ou désordonnée, qui semble échapper à la pensée. La dualité corps esprit ou soma psyché est ainsi exacerbée dans les troubles dyspraxiques associés ou non à un haut potentiel intellectuel, qui peuvent servir de paradigme à l’opposition des neurosciences et de la psychanalyse et à leur union ou réunion sous le terme «  neuropsychanalyse ». (2) Au niveau de la psychopathologie clinique, les troubles dyspraxiques permettent d’observer la formidable plasticité psychique et neuronale de l’enfant, et la manière dont certains dysfonctionnements peuvent paradoxalement produire des compétences cognitives très développées, dans un processus «  transmodal » qui aura un impact sur l’ensemble du développement psychique : le sujet dyspraxique se trouve confronté à la nécessité de modifier ses perceptions en les transférant d’un registre sensoriel, affectif ou cognitif à un autre : du spatiovisuel au verbal, ou du concret à l’abstrait, par exemple. Cette transmodalité interroge la manière dont nous pouvons caractériser ces troubles et les décliner en termes de normal ou pathologique : déficits, symptômes, défenses, suppléances ou surinvestissement ou encore investissement transmodal ? Dans cette perspective, qu’en est-il du statut de la représentation et des liaisons affects représentations ? (3) Au troisième niveau, ce sont les théories qui peuvent être revisitées à la lumière de cette clinique particulière de la dyspraxie et/ou du haut potentiel : l’enfant dyspraxique semble sauter les marches de l’escalier piagétien qui propose un développement cognitif linéaire. La clinique de la dyspraxie dément cette conception au profit d’une causalité complexe en réseaux. La métapsychologie freudienne, qui propose un modèle psychopathologique en termes d’anachronismes dans le développement, sera également questionnée : quels décalages ou mises en tensions le développement psychique peut-il supporter sans dommages psychopathologiques ? La méthodologie choisie comporte des bilans psychologiques approfondis (Wechsler, épreuves projectives et piagétiennes) issus de rencontres avec des sujets dits «  à haut potentiel intellectuel et/ou dyspraxiques », analysés dans une perspective psychanalytique. Nous conclurons en proposant la dyspraxie comme paradigme de la mise en tension des neurosciences et de la psychopathologie psychanalytique de l’enfant : la dysharmonie entre le vécu corporel et la motricité, d’une part, et le langage et la pensée, d’autre part, peut aboutir à une crise structurante ou désorganisante.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

From an experience of ex-educational psychologist, clinical psychologist and teacher-researcher in clinical psychology, we suggest questioning the dyspraxia at three reflection levels: actuality of this disorder, clinical entity, and theoretical model. (1) As an actual disorder: these disorders indicated in the field of the body and the movement join this contemporary perspective: dyspraxia and hyperactivity evoke a disorder of the representation of the body in movement, movement prevented or muddled, which seems to escape the thought. The duality body spirit or soma psyche is so aggravated in the dyspraxia disorders associated or not in a high intellectual potential, who can be of use as paradigm to the opposition of the neurosciences and as the psychoanalysis, and to their union or meeting under the term “neuropsychoanalysis”. (2) At the level of a psychopathological perspective, the dyspraxia troubles allow to observe the tremendous child’s psychic and neuronal plasticity and the way certain dysfunctions can paradoxically produce very developed cognitive skills, in a process “transmodal” (cross-modal) which will have an impact on the whole psychic development. Language and words early replace action quite as representation compensates for the object absence. The intellectualization serves then as defence against the loss. (3) At the third level, classifications and theories are questioned: is it about symptoms, substitutions, deficits, defences? If Piaget proposed a linear cognitive development, the dyspraxic child jumps “the walking stairs of the staircase”. If Freud proposes a psychopathological model in connection with the temporality and its anachronisms, which gaps the psychic development can support without damages? The chosen methodology contains detailed psychological synthesis (Wechsler tests, projectives and Piaget tests) stemming from meetings with subjects “in high intellectual potential and\or dyspraxics”, analyzed in a psychoanalytical prospect. We shall end by proposing the dyspraxia as the paradigm of the stake in tension of the neurosciences and the psychoanalytical psychopathology: body and motricity on one hand, language and thought on the other hand, can end in a disorganizing or structuring crisis.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Dyspraxie, Psychopathologie psychanalytique, Plasticité, Neuropsychanalyse, Handicap

Keywords : Dyspraxia, Psychoanalytical psychopathology, Plasticity, Neuropsychoanalysis, Handicap


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Vol 58 - N° 6-7

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