Avant-propos - 15/03/10
La première fois où l’on me parlât de la thyroïde, ce fut à l’école primaire. Les têtards demeurent têtards et jamais ne deviennent grenouilles si on leur enlève la thyroïde. Étrange organe qui d’un animal aquatique fait un amphibien.
En médecine, plus jamais on ne m’entretint de la métamorphose des batraciens. En revanche, durant les études fut amplement explicité le rôle des hormones thyroïdiennes sur la production de chaleur, la croissance, les activités tissulaires et métaboliques, le fonctionnement des organes, etc. Une telle diffusion de l’activité hormonale s’exprime avec richesse dans les hyper- et hypofonctionnements thyroïdiens que l’on observe en pathologie humaine.
Une acquisition considérable de ces 30 dernières années a été de quantifier ces dysfonctions grâce aux dosages fiables, largement accessibles des hormones thyroïdiennes et de l’hormone thyréostimulante antéhypophysaire (TSH). Qui plus est, ces mesures ont conduit à reconnaître les dysthyroïdies à un stade précoce, quasiment infraclinique de leur évolution. Accessible à l’examen cervical, la morphologie thyroïdienne a elle-même mieux été évaluée par l’exploration échographique. Des particularités de l’échostructure thyroïdienne sont détectables, alors même que rien n’oriente vers une maladie de la thyroïde. Suppléant aux classiques procédés d’évaluations scintigraphiques, l’analyse cytologique des produits de ponction à l’aiguille fine apporte de meilleures informations diagnostiques sur la nature des nodules thyroïdiens. Les facteurs auto-immuns, génétiques impliqués dans les principales causes de dysfonctions thyroïdiennes sont aussi maintenant largement évalués.
Ainsi on a fini par reconnaître qu’environ 10 % de la population adulte est porteuse d’une hypertrophie thyroïdienne, 4 % des adultes ont un nodule thyroïdien palpable. Un à 2 % de la population présente une hyper- ou une hypothyroïdie avérée. Mais des nodules occultes sont présents chez 50 à 60 % de la population adulte ; plus de 16 % des femmes au-delà de la soixantaine ont une élévation de la TSH.
Ces populations, chez qui fortuitement sont découvertes des formations nodulaires, des particularités de la TSH, souffrent-elles authentiquement d’une maladie de la thyroïde ? Doivent-elles bénéficier d’évaluations, et selon quelle stratégie ? Pour qui se justifie authentiquement un complément de prise en charge thérapeutique ?
L’objet de ce précis de thyroïdologie, sollicité par les Éditions Elsevier Masson, est de mettre à la disposition des médecins non spécialisés — hospitaliers, généralistes, internes et étudiants hospitaliers — des guides pratiques, utiles pour la reconnaissance, l’évaluation des maladies thyroïdiennes. Ils y sont confrontés au quotidien. Seul un nombre modeste de leurs patients relèvera de consultations spécialisées.
Par souci de cohérence, ce précis a été réalisé par une équipe de collaborateurs, agissant au sein d’une clinique endocrinologique particulièrement concernée par la prise en charge des maladies de la thyroïde.
Séparant le bon grain de l’ivraie, puisse l’ouvrage contribuer à une gestion saine de situations fréquentes, ordinairement mais non nécessairement de bon pronostic.
Pr Jean-Louis Wémeau
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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