En recrutant des patients consultant pour des TFI, notre objectif était de décrire les caractéristiques sociodémographiques et médicales, les modalités de prise en charge et le degré de satisfaction selon leur appartenance ou non aux sous groupes définis par les critères de Rome III.

Enquête observationnelle, transversale, réalisée en pratique médicale habituelle : 159 médecins généralistes (MG) et 75 gastroentérologues (GE) sélectionnés par tirage au sort à partir d’un fichier national ont inclus de janvier à avril 2007 de façon consécutive 1 092 patients consultant pour des TFI diagnostiqués et traités dans les 6 mois précédents et/ou le jour de la consultation. Les données étaient recueillies à l’aide de deux questionnaires complétés respectivement par le médecin et le patient.

La population, féminine à 68 %, avait une moyenne d’âge de 56 ans±16. Les symptômes évoluaient en médiane depuis 6 ans, avec une médiane de 4 crises d’une durée de 3 jours au cours des 12 derniers mois. 70 % des patients avaient eu au moins un examen complémentaire au cours des 5 dernières années principalement : coloscopie (47 %), échographie (41 %) et bilan biologique (45 %). Le symptôme principal motivant la consultation était la douleur abdominale (46 %), suivie des ballonnements (21 %). 44 % des patients avaient une qualité de vie altérée de façon importante. 78 % des patients recevaient des antispasmodiques, 30 % des laxatifs, 25 % des antidiarrhéiques et 19 % des antiacides. 85 % à 90 % des patients se disaient satisfaits de leur prise en charge en termes d’écoute, d’explications données et d’examens complémentaires prescrits, qu’ils soient suivis par un MG ou un GE. 87 % des patients inclus présentaient des TFI répondant aux CRIII : syndrome de l’intestin irritable (SII) (53 %) et autres TFI (34 %). 13 % ne répondaient pas aux CRIII. La répartition des SII selon Rome III était équivalente dans les 4 sous-groupes : constipation (22 %), diarrhée (26 %), mixte (29 %) ou inclassé (22 %). L’intensité des symptômes selon le score de Francis était modérée à sévère chez 91 % des SII et sévère chez 55 % des SII mixtes. La perception de l’état de santé était mauvaise chez 35 % des TFI Rome III νs 21 % des non Rome III. Les troubles extra digestifs étaient plus presents chez les TFI Rome III que chez les non Rome III (56 % νs 41 %), ainsi que les signes digestifs hauts (60 % νs 48 %). Au cours des 12 derniers mois, le nombre médian de consultations était plus important chez les TFI Rome III que chez les non Rome III (3 νs 2). 73 % des TFI Rome III bénéficiaient d’examens complémentaires νs 54 % des non Rome III.

Cette première enquête réalisée avec les critères de Rome III en France montre que le SII est majoritairement représenté dans le groupe des TFI, et que les 4 sous groupes de SII définis sont répartis de façon équivalente. Les TFI répondant aux CRIII semblent plus sévères que les non Rome III. La prise en charge paraît identique avec une bonne satisfaction des patients.