P.312 La citrullinémie, un marqueur de l’évolution et du pronostic au cours du suivi des entéropathies - 28/12/09
Résumé |
Introduction |
La citrullinémie est un biomarqueur innovant de la masse entérocytaire [1]. Elle constitue un paramètre intégré de la fonction absorptive globale de la muqueuse intestinale en situation chirurgicale, médicale et oncologique. Cependant les données évolutives sont rares, la majorité des études étant transversales.
But |
déterminer la citrullinémie, son évolution et sa valeur pronostique, dans les entéropathies médicales immunologiques, infectieuses et toxiques. La maladie VIH a été prise comme modèle.
Patients et Méthodes |
Trois groupes de patients (n=53 ; 43H, 10F ; 43 (24 - 68) ans) ont été prospectivement suivis pendant une durée médiane de 16 (6 - 37) mois avec 3 (2 -15) dosages, selon le contexte : 1) patients sans signes digestifs (n=16) ; 2) patients non immunodéprimés (CD4 > 200/mm3) ayant une diarrhée du fait d’un effet toxique du traitement antirétroviral (ARV) (n=12) ; 3) patients immunodéprimés (CD4 < 200) (n=25) : entéropathie VIH (n=11), mycobactériose intestinale (n=8), protozoose (n=6). L’état nutritionnel et inflammatoire, la nécessité d’avoir recours à une technique d’assistance nutritive et la survie étaient recueillis à titre de facteurs explicatifs. Les patients présentant une insuffisance rénale (clairance de la créatinine < 30 ml/min) et un antécédent de chirurgie digestive n’ont pas été inclus.
Résultats |
Chez les patients sans signes digestifs la citrullinémie ne se modifiait pas (36±6μmol/L vs 38±8 chez les contrôles). Lors de gastro-entérite aiguë de rencontre (n=4) la citrullinémie baissait (19±5 vs 34±7) puis revenait à sa valeur basale en moins d’un mois. Lors d’entéropathie toxique, la citrullinémie augmentait quand l’ARV pouvait être arrêté ou substitué (n=6, 22±4 vs 42±14, P<0,05)) mais ne se modifiait pas dans le cas contraire (n=6, 25±3). Chez les patients ayant une entéropathie immunoinfectieuse une citrullinémie < 10 pendant au moins 2 semaines (n=8) était associée (P<0,01) à la nécessité d’une nutrition parentérale (n=6/8 vs 2/17 si citrullinémie > 10). Aucun seuil ne pouvait être déterminé pour la nutrition entérale (n=10). Une corrélation (P<0,05) positive était notée entre citrullinémie et albuminémie ou IMC, et négative avec la CRP. Quand le traitement était efficace (n=18/25), la citrullinémie se normalisait en 2 à 12 semaines chez les 15 patients (11±6 vs 27±6) avec atteinte grêlique diffuse et restait normale en cas d’atteinte localisée de l’intestin (33±5 vs 35±5, n=3). Chez les 7 patients sans amélioration clinique et histologique ou microbiologique, la citrullinémie restait basse (< 20), 5 de ces patients décédaient, 1 restait dépendant de la nutrition parentérale et 1 chroniquement dénutri. La persistance > 6 mois d’une citrullinémie < 20 était associée à une forte probabilité de décès (5/8 vs 2/45 en cas de citrullinémie > 20, P<0,01).
Conclusion |
La citrullinémie constitue un marqueur fiable de la fonction entérocytaire et de son évolution au cours des traitements spécifiques. Elle détermine les conséquences fonctionnelles des entéropathies et notamment l’indication d’une nutrition parentérale. Elle constitue de plus un marqueur pronostique défavorable si elle reste inférieure à 20μmol/L.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 33 - N° 3S1
P. A204 - mars 2009 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.