Les progrès combinés de la chirurgie carcinologique et de l’anesthésie amènent à poser plus fréquemment des indications opératoires y compris pour des patients fragiles ou des tumeurs localement avancées. L’objectif de ce travail est d’évaluer la morbi-mortalité de cette nouvelle pratique professionnelle.

Cette étude rétrospective unicentrique, portant sur l’année 2005, a cherché à 1) mesurer la fréquence de la MPO (tout décès survenant dans les 30 jours suivants l’intervention) après chirurgie carcinologique abdomino-pelvienne, et 2) d’en établir les facteurs de risque. Ceux-ci ont été identifiés par test exact de Fischer en analyse univariée, puis analyse de régression logistique en multivariée.

189 interventions ont été prises en compte (H/F : 43/146, âge médian : 57 ans, 25-90). Les tumeurs étaient malignes dans la plupart des cas (184/189) avec des adénocarcinomes (n=122), des carcinomes épidermoides (n=40) et 3 sarcomes. Les principales tumeurs primitives étaient rectales (n=52), ovariennes (n=43), cervicales (n=32) et coliques (n=32). Le taux de MPO est de 11/189 (6 %). Les facteurs de risque en analyse univariée sont : tumeur du pancréas (RR=10,76), âge>69 ans (RR=3,21), score ASA >2 (RR=5,60) et albuminémie<40 g/l (RR=4,64). L’analyse de régression logistique ne retient que 2 facteurs de risque indépendants : ASA>2 (RR=7,3 ; p=0,005) et albuminémie < 40 g/l (RR=2,55 ; p=0,04). Trois groupes de patients sont ainsi identifiés avec un taux de MPO croissant : le groupe I avec ASA=0 ou 1 et albuminémie normale (taux de MPO=1/99, 1 %), le groupe II avec ASA=0 ou 1 et albuminémie<40 g/l (taux de MPO=3/45, 6 %), et le groupe III à plus fort taux de MPO avec ASA>2 (taux de MPO=7/38, 18 %).

L’albuminémie et le score ASA sont 2 facteurs pronostiques simples permettant d’identifier les patients à haut risque de MPO dans un contexte de chirurgie carcinologique abdomino-pelvienne.