P.190 L’immunité anale anti-tumorale dans le cancer épidermoïde du canal anal - 28/12/09
Résumé |
Rationnel |
Les infections virales favorisent la dysplasie de haut garde (DHG) et le cancer (CA) dans la muqueuse anale. L’intégration du virus HPV dans l’assise cellulaire anale semble nécessaire (facilité par la cytokine IL23) mais non suffisante. Le rôle exact du virus VIH n’est pas connu. Le but est d’étudier l’immunité anti-tumorale anale grâce à un suivi prospectif de cohorte.
Patients et Méthodes |
L’analyse tissulaire du canal anal est menée chez 66 patients d’âge moyen de 40,3 ans et un sexe ratio (M/F) de 58/8 : 22 VIH+ (considérés comme cas) appariés (1/2) avec 44 VIH- (considérés comme témoins) tous porteurs d’une infection HPV. A la visite initiale (entrée dans l’étude) toute lésion muqueuse a été traitée et soumise à l’histologie et l’extraction d’ARNm. Un suivi semestriel d’au moins 5 ans ou jusqu’à l’apparition d’un cancer fut instauré. A chaque visite de suivi des biopsies anales étaient effectuées en cas d’anomalies (muqueuse en relief, ulcèrée, dyschromique) pour analyse histologique et extraction de l’ARNm. Le status tissulaire basé sur l’histologie la plus péjorative (cancer > DHG > DBG > Normal) caractérisait la visite et déclenchait l’étude immunitaire : évaluation de cellules CD1a, Ly CD3, CD4, CD8 en immunohistochimie et celle de marqueurs immunologiques (IL1, IL4, IL6, IL8, IL10, IL12, IL17, IL22, IL23, TGFbeta, FoxP3, Perforine, Granzyme A) par qRT-PCR sur ARNm. Des tests statistiques non paramétriques appariés pour estimer la valeur prédictive d’un marqueur tissulaire (entrée dans l’étude) et non appariés pour des comparaisons inter groupes, ont été utilisés (seuil de significativité p<0,05).
Résultats |
Au total 207 status tissulaires (109 cas, 98 témoins) dont 66 à l’inclusion, où aucun cancer invasif n’a été noté, et 141 (87 cas, 54 témoins) de suivi ont été analysés. Le taux cumulé global de DHG (30 %) a été plus fréquent (P<0,0001) chez le VIH+ (53 %) que chez VIH- (3 %). Un cancer invasive a été diagnostiqué 7 fois (six VIH+ ; un seul VIH-). Dans le groupe des VIH+, les densités des cellules CD1a et des LyTCD3 ont été significativement plus faibles dans les tissus avec DHG ou cancer que dans le groupe de tissus sans DBG ou cancer. L’infiltrat LyTreg a été plus élevé dans les tissus venant des cas que dans ceux des témoins ; l’élévation étant d’autant plus que le status tissulaire péjoratif. Les ARNm d’IL8 et IL23 deux cytokines pro inflammatoires ont été plus élevés (P<0,02) dans les tissus siège d’un cancer que dans les tissus sans cancer indépendamment du status VIH. Le niveau de l’ARNm de FoxP3 était dépendant de celui d’IL23 (R2=0,344 ; p=0,006). L’élévation de ces deux marqueurs a précédé la survenue du cancer invasif.
Discussion |
L’infiltrat cytotoxique anti-tumoral est diminué dans la muqueuse anale siège du cancer au profil de l’activité immunosuppressive (LyTreg). L’infection VIH accentue ce désequilibre. La cytokine pro inflammatoire IL-23 est le marqueur le plus caractéristique et précède le développement du cancer invasif.
Conclusion |
L’altération de l’immunité tissulaire anale précède la survenue du cancer chez le patient infecté par le virus HPV indépendamment du status VIH.
Remerciements, financements, autres |
[* inclut l’étude de 2 à 13 (moyenne 3)] biopsies ; financée par l’ANRS.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 33 - N° 3S1
P. A113 - mars 2009 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.