Dès son apparition, l’Homo sapiens a cherché à surmonter sa détresse originaire par le jeu de la création artistique ayant à la fois une fonction de communication rituelle avec des esprits mythiques et d’ouverture sur l’infinie variété des formes peintes, sculptées ou gravées souvent inscrites dans un matériau résistant à l’usure du temps. De ce point de vue, le « propre de l’homme » peut être caractérisé par la capacité à symboliser, correspondant à un processus psychique supposant autant la capacité à représenter un objet absent qu’un sujet capable de savoir que le symbole n’est pas l’objet symbolisé. Le traitement psychanalytique d’un patient psychotique confronté à des angoisses de non-représentation illustre la nécessité des images dans la vie psychique et les conditions émotionnelles de la création des images matérielles. Au Paléolithique supérieur, l’énigme des représentations humaines non réalistes par opposition aux représentations animales plus objectives est expliquée par la contrainte de faire face à l’affect de honte et d’obéir ainsi au refoulement organique selon Freud, au fondement de la pulsion, de la vie psychique et de la culture.

As soon as he appeared on earth, Homo sapiens tried to overcome his primary helplessness by means of playing around with artistic creation, the functions of which were to communicate through rituals with mythical spirits as well as to open on to an infinite variety of painted, sculpted and engraved forms often made out of materials resistant to destruction. From this point of view, the specific nature of humankind can be characterized by the capacity to symbolize, corresponding to a psychic process which implies both the capacity to represent an absent object and a subject who is capable of distinguishing the symbol from the symbolized object. The psychoanalytic treatment of a psychotic patient faced with anxieties about non-representation illustrates the need to produce mental images and the emotional conditions for the creation of actual pictures. In the Upper Palaeolithic period, the enigma of non-realistic representations of human beings as opposed to more objective representations of animals is explained by the necessity of facing up to the affect of shame and thus of obeying organic repression, which for Freud lies at the root of drives, psychic life and civilization.