De nombreux travaux suggèrent que dans les stades pré cliniques de la maladie d’Alzheimer (MA), il existe une atrophie hippocampique. Par ailleurs, dans une étude récente en population, nous avons montré que les performances au Set Test d’Isaac (STI) étaient altérées 12 ans avant le diagnostic de MA. Le présent travail a pour but de mieux comprendre les relations entre atrophie cérébrale et altération cognitive dans une cohorte en population de sujets âgés.

Trois cent trente et un sujets de la cohorte 3Cités (sous-population inclus à Bordeaux) ont bénéficié d’une IRM morphologique 3D IR SPGR (TR/TE = 8.5/3.9ms, voxel de 1mm3 ; Philips 1.5T) et d’un bilan neuropsychologique. Après normalisation des images sur un template propre à l’étude, des cartes de densité de substance grise et blanche ont été générées sous SPM2 selon la méthode optimisée de VBM (lissage 8mm3). Une analyse en régression multiple a été réalisée sous SPM5 avec comme variable explicative les scores au MMSE et aux tests mnésiques Grober et Buschke, Benton, et STI (p<0.05, FDR corrigé, 100 voxels). Le volume total intracrânien, l’âge, le sexe et le niveau d’étude ont été ajoutés au modèle comme variables d’ajustement.

Dans la substance grise, les volumes hippocampique antérieur gauche, et frontaux inférieur gauche et droit sont positivement corrélés au score du STI. Dans la substance blanche le volume de la région temporale inférieure gauche est positivement corrélé au score du STI. Aucune corrélation négative n’est mise en évidence. Aucun autre score des différents tests analysés n’est significativement corrélé aux densités de substance grise et blanche.

Nos résultats montrent que seule la variabilité interindividuelle des performances au STI corrèle avec une variabilité neuroanatomique dans une population de sujets âgés, suggérant que l’atrophie hippocampique gauche et le déficit mnésique évalué par le test d’Isaacs évoluent parallèlement. Compte tenu de l’altération des performances au STI plus de 10 ans avant le diagnostic, la convergence de données neuropsychologiques et d’imagerie pourraient être prédictive de l’évolution de patients à risque d’évoluer vers la MA, aux stades de troubles cognitifs légers, alors que les outils diagnostics actuels sont inopérants.