Pour évaluer l’exposition à l’amiante des salariés d’un institut de recherche, un outil associant une matrice activité-exposition et un questionnaire a été construit. Cette étude a pour but d’évaluer sa pertinence en s’appuyant sur les résultats des enquêtes réalisées pendant les 18 premiers mois d’utilisation.

La matrice comporte 43 activités recensées par audition de salariés représentant les différents métiers de l’institut. À chacune d’elles sont associés un niveau et une probabilité d’exposition. Le questionnaire porte sur la période, la durée, la fréquence annuelle et le temps quotidien d’exposition. Un score permet de classer l’exposition en faible, intermédiaire ou forte. Les expositions lors d’emplois antérieurs sont repérées avec le questionnaire de la Société de pneumologie de langue française. L’outil a été testé et validé. L’enquête est proposée à tous les salariés de plus de 50 ans, dont l’effectif en 2007 était de 2853. Les enquêteurs sont les 56 médecins de prévention ou infirmières de l’institut.

Cinq cent quatre-vingt-treize (20,8 %) personnes ont été enquêtées. Dix-huit médecins ou infirmières ont participé à ces évaluations qui demandent chacune entre 20 et 40minutes. Cent soixante-quatre personnes n’avaient jamais exercé de métier exposant à l’amiante. Neuf ont refusé l’évaluation. L’analyse porte sur 420 dossiers de personnes potentiellement exposées: l’exposition est nulle pour 131 (31,2 %), faible pour 253 (60,3 %), intermédiaire pour 35 (8,3 %) et forte pour 1 (0,2 %). Les expositions intermédiaires se situent proportionnellement plus dans les métiers où il existe le plus d’interventions sur des matériaux ou des appareils susceptibles de libérer des fibres d’amiante. Sur les 44 activités citées, deux n’étaient pas recensées. La prise en compte des emplois antérieurs modifie modérément la répartition des expositions : 272 (64,8 %) faibles, 41 (9,8 %) intermédiaires, 2 (0,4 %) fortes.

Les résultats montrent la pertinence de l’outil mais également les difficultés liées à son utilisation. Son exhaustivité est bonne. Malgré les biais liés à la caractérisation de l’exposition, au questionnaire et au recours à la mémoire, la répartition des expositions intermédiaires correspond au classement de la Conférence de consensus du 15janvier1999. L’appréciation des situations antérieures repose sur un questionnaire qui n’est pas conçu pour évaluer le niveau d’exposition. Les résultats globaux montrent que les enquêteurs intègrent les différentes expositions malgré cette difficulté. Ces enquêtes demandent du temps. Le facteur limitant leur réalisation est la disponibilité des médecins. Mais elles permettent d’enregistrer dans le dossier médical les expositions professionnelles à l’amiante avec précision.

To determine asbestos exposure among employees of a research institute, a tool combining a matrix showing the activity-exposure relationship and a questionnaire has been devised. The aim of this study is to evaluate the efficiency of this tool through the results of the enquiries, after an 18 months period of use.

The matrix covers 43 different activities, assessed by questioning the employees representing different jobs within the institute. A level and a probability of exposure are attributed to each activity. The questionnaire requires information on the total period of exposure, in terms of annual and daily exposure. The obtained score allows the exposure to be classified as low, medium or high. Levels of exposure during previous employment were detected through the French Pneumology Society’s questionnaire. The tool has been tested and approved. The study was proposed to all employees over 50, which concerned a cohort of 2853 in 2007, and carried out by 56 occupational health physicians or nurses of the institute.

Five hundred and ninety-three employees (20.8%) were questioned. Eighteen physicians participated. Each evaluation requires twenty to forty minutes. One hundred and sixty-four employees had no previous history of occupational exposure to asbestos. Nine employees refused to participate in the study. The analysis is based on 420 questionnaires of potentially exposed workers: exposure levels proved to be negative for 131 (31.2%), low for 253 (60.3%), medium for 35 (8.3%) and high for one (0.2%). The medium exposure levels were found in work situations which proportionately involved the most interventions on materials and equipment likely to liberate asbestos fibres. Out of the 44 activities mentioned, two had not been registered. Previous exposure raised moderately the rates of exposure: 272 (64.8%) low, 41 (9.8%) medium, two (0.4%) high.

The results show the method’s relevance but also the problems linked to its application. The tool’s potential is adequate. Despite the distortions in statistics, in relation to the way the exposure is described, the questionnaire and the fact of relying on memory, the medium exposure level values corresponds to that of the French consensus of 15thJanuary, 1999. The appreciation of former situations relies on a questionnaire not designed to evaluate the levels of exposure. The overall results show that the investigators take into account the different exposures despite this difficulty. These studies take time which is a limiting factor in their execution together with the availability of the occupational physicians. However, this allows all occupational exposure to asbestos to be recorded with precision in medical files.