L’objectif de ce travail était d’analyser l’évolution de la sensibilité aux antibiotiques des principales espèces de streptocoques bêta-hémolytiques responsables d’infections communautaires chez l’homme, Streptococcus pyogenes et Streptococcus agalactiae, mais aussi chez l’animal (Streptococcus suis et Streptococcus uberis), ainsi que celle de deux espèces d’entérocoques, Enteroccus faecalis et Enteroccus faecium. L’analyse a porté sur les données recueillies depuis 1996 par les réseaux de surveillance fédérés au sein de l’Observatoire national de l’épidémiologie de la résistance bactérienne aux antibiotiques (Onerba). S. pyogenes comme les autres streptocoques bêta-hémolytiques demeurent sensibles aux bêta-lactamines, mais la sensibilité à l’érythromycine a nettement diminué. En 2002, selon le réseau de surveillance, seules 62 à 65 % des souches de S. pyogenes étaient sensibles à l’érythromycine. La même tendance était observée pour S. agalactiae, dont la sensibilité aux macrolides n’était que de 75 % en 2002 et pour les deux espèces isolées d’infections chez l’animal, avec une sensibilité à l’érythromycine de 35 % seulement pour S. suis et de 76 % pour S. uberis. L’activité des bêta-lactamines sur les entérocoques est restée stable de 2000 à 2004. Environ 98 % des souches d’E. faecalis sont sensibles aux aminopénicillines, qu’elles soient isolées en ville ou à l’hôpital. À l’inverse, les souches d’E. faecium, isolées quasi exclusivement en milieu hospitalier, sont sensibles à l’ampicilline dans moins de 60 % des cas. En ce qui concerne la résistance aux glycopeptides, la situation en France est différente de celle observée aux États-Unis et dans certains pays d’Europe. En effet, d’après les enquêtes réalisées entre 1999 à 2004, le taux de résistance des entérocoques à la vancomycine était toujours inférieur à 2 %. Cependant, l’apparition récente de cas groupés d’entérocoques résistants à la vancomycine dans des centres hospitaliers français souligne l’intérêt de maintenir la surveillance. De telles tendances, si elles se confirment, ne seront pas sans conséquence. Ainsi, l’augmentation de la résistance aux macrolides de S. pyogenes ou de S. agalactiae par exemple devra conduire à proposer d’autres alternatives en cas d’allergie aux bêta-lactamines et dans le cas de l’angine, à réévaluer la place de la culture du prélèvement oropharyngé pour permettre un antibiogramme.

This work was aimed to analyze trends in susceptibility to antibiotics among the main species of beta-hemolytic streptococci involved in community-acquired infections in human (Streptococcus pyogenes and Streptococcus agalactiae), or in animals (Streptococcus suis and Streptococcus uberis) and also among the main enterocci species, Enterococcus faecalis and Enterococcus faecium. Data were recorded since 1996 through the Onerba networks. S. pyogenes, as the other beta-hemolytic streptococci studied remained fully susceptible to beta-lactam antibiotics. However, susceptibility to macrolides is clearly decreasing in S. pyogenes. In 2002, only 62 to 65% of the strains according to the network considered, were susceptible to erythromycin. A similar trend was observed for S. agalactiae with only 75% of erythromycin susceptibility in 2002, and for both species isolated from animals S. suis and S. uberis, with respectively 35 and 76% of strains susceptible to erythromycin. In enterococci, susceptibility to beta-lactams remained stable between 2000 and 2004. Indeed, the susceptibility to aminopenicillins remained high in E. faecalis (about 98%), whereas the proportion of E. faecium isolates susceptible to these antibiotics were lower than 60%. From 1999 to 2004, various studies conducted in French hospitals showed that the vancomycin resistance among enterococci accounted for less than 2%. However, the recent emergence of glycopeptide resistant enterococci clusters in French hospitals is a matter of concern and emphasizes the need for an ongoing surveillance. Such trend in macrolide resistance among S. pyogenes or S. agalactiae should consequently lead to propose other alternatives in case of beta-lactam allergy, and for pharyngitis, to rethink the place of the culture for susceptibility testing.