La population carcérale française présente des problèmes de santé imparfaitement pris en charge avant l’incarcération. Cette population est connue pour n’avoir qu’un faible accès aux soins. Les conduites addictives, et particulièrement le tabagisme, y sont très répandus. L’objectif de ce travail est d’étudier la fréquence des troubles ventilatoires obstructifs (TVO) caractéristiques de l’asthme et de la bronchopneumopathie chronique obstructive par un dépistage adapté de la population carcérale.

Un dépistage des TVO par spirométrie portable avec épreuve de réversibilité a été réalisé chez les détenus consultant à l’unité de consultations et de soins ambulatoires (UCSA) de la maison d’arrêt d’Amiens. Les patients consultant à l’UCSA durant la période du 16août 2006 au 17octobre 2006 et consentant à ce test sont inclus dans cette étude. Les critères d’exclusion retenus sont une contre-indication à la réalisation d’une spirométrie, la mauvaise compliance à l’effort d’expiration forcée après huit efforts, ainsi que le refus de participer à l’étude. L’analyse statistique descriptive a porté sur l’ensemble des variables quantitatives et qualitatives.

Parmi les 210patients inclus dans l’échantillon, seuls cinq patients ont refusé de participer à l’étude. L’âge moyen est de 37ans (extrêmes : 16–65ans). Le sex-ratio est d’une femme pour neuf hommes. Neuf détenus sur dix présentent un tabagisme actif. Six fumeurs sur dix souhaitent arrêter de fumer. Le dépistage par spirométrie a permis d’identifier 11patients (5 % de l’échantillon) présentant une bronchopneumopathie chronique obstructive et 13patients (6 % de l’échantillon) présentant un asthme.

La jeunesse de la population carcérale dépistée et l’importance de l’exposition au risque tabagique nous incitent à poursuivre le dépistage des TVO. Le matériel utilisé devra être plus performant. La mise en application en milieu carcéral du décret de novembre 2006 sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics nous incite dorénavant à développer ces actions visant à prévenir et prendre en charge le tabagisme en milieu carcéral.

French prisoners have health problems that have been inadequately treated before imprisonment. This population has insufficient access to the healthcare system. Addictive behaviours, particularly smoking, are widespread. The aim of the study is to evaluate the prevalence of airflow limitation by using a primary care screening method adapted for the correctional facility and its inmates.

The screening of airflow limitation using a mobile spirometer is carried out in inmates consulting the primary care unit (UCSA) of Amiens prison. Patients consulting the UCSA between 16August and 17October 2006 and providing their consent are included in the study. The criteria for exclusion are: a counter-indication for spirometry, poor compliance with the effort of forced expiry after eight efforts, as well as refusal to take part in the study. The descriptive statistical analysis includes all of the quantitative and qualitative variables.

Among the 210patients included in the sample, only five patients refused to take part in the study. Their mean age was 37 (range: 16–65) and 90% were men. Ninety percent of this population were active smokers. Sixty percent of these smokers would like to quit. The spirometry detected 11% undiagnosed airflow limitation: 11prisoners suffered from chronic obstructive lung disease and 13prisoners suffered from asthma.

Given the relative youth and high risk nature of these diagnosed patients, the potential for the long or short term aggravation, and a growing recognition of the seriousness of exposure to tobacco, the authors suggest that the systematic screening of inmates for airflow limitation may be used to assist in detecting serious health issues. Along with new French antismoking legislation, this screening may enable primary care workers to better reduce smoking habits in prisons.