CO.100 - La cirrhose a un impact majeur sur la survie des patients en hémodialyse chronique : résultats de l’étude du réseau NéphroNord - 02/04/09
H Castel [1],
S Bellati [1],
M Hazzan [1],
C Noël [1],
S Dharancy [1],
F Wartel [1],
A Louvet [1],
V Canva [1],
P Deltenre [1],
H Ben Ali [1],
M El Nady [1],
V Lemaître [2],
P Mathurin [1]
Voir les affiliationsIntroduction : L’impact de la cirrhose sur la survie des patients en insuffisance rénale chronique terminale traités par hémodialyse au long cours n’est pas connu. L’objectif de cette étude prospective était l’analyse de l’influence pronostique de la cirrhose chez les patients en hémodialyse chronique.
Matériels et Méthodes : 6 086 patients (2 615 femmes et 3 471 hommes) atteints d’insuffisance rénale chronique terminale en hémodialyse chronique ont été inclus de façon prospective dans la base de données du réseau NéphroNord, et classés en 2 groupes en fonction de la présence d’une cirrhose à la première séance d’hémodialyse. Les données cliniques et biologiques étaient recueillies annuellement. Une étude cas-contrôles a été réalisée : chaque cirrhotique a été apparié à 2 contrôles non cirrhotiques en fonction de l’âge, du sexe, de l’étiologie de la néphropathie, des antécédents cardiovasculaires et cérébrovasculaires, du diabète et du tabagisme. Les contrôles ont été sélectionnés de façon anonyme et en aveugle des données sur la survie.
Résultats : 5 891 patients étaient classés non cirrhotiques et 195 cirrhotiques. La cirrhose était d’origine dysmétabolique ou alcoolique dans 90 % des cas et virale chez 10 % des cas. Sur l’ensemble des patients, il n’y avait pas de différence significative entre les cirrhotiques et les non cirrhotiques en terme d’âge (62,2 ± 17 vs 60,4 ± 1,7 ans), de prédominance du sexe masculin (62,1 vs 56,8 %), de diabète (42,7 vs 38,1 %), de pathologies cardiovasculaires (23,1 vs 20,6 %), ou cérébrovasculaires (14,5 vs 13,7 %) ou d’hypertension (70,1 vs 78,2 %). Le tabagisme était plus fréquent chez les cirrhotiques (55,4 vs 39,5 %, p = 0,0001). Les survies à 5 ans (58,9 ± 4,1 % vs 72,7 ± 0,7 %, p = 0,0002) et à 10 ans (38,7 ± 4,8 % vs 61,1 ± 0,8 %, p < 0,00001) étaient plus faibles chez les cirrhotiques que chez les non cirrhotiques. L’âge du décès était plus précoce en cas de cirrhose : 62,3 ± 12,9 vs 72,5 ± 11,7 ans, p < 0,00001. En analyse univariée, 7 variables étaient associées de façon significative à la survie : le tabagisme (p < 0,0001), les pathologies cardiovasculaires (p < 0,0001) et cérébrovasculaires (p < 0,0001), l’âge (p < 0,0001), le diabète (p < 0,0001), la présence d’un cancer (p < 0,0001) et la cirrhose (p < 0,0001). En analyse multivariée, le tabagisme (p = 0,0002), les pathologies cardiovasculaires (p = 0,0004), l’âge (p < 0,0001), le cancer (p < 0,0001), le diabète (p < 0,0001) et la cirrhose (p < 0,0001) étaient les facteurs prédictifs indépendants de décès. Dans l’analyse de sensibilité restreinte aux cirrhotiques, les patients ayant une cirrhose décompensée avaient une plus faible survie à 5 ans : 64,9 ± 5,1 % vs 48,7 ± 6,6 %, p = 0,02. Dans l’étude cas-contrôles, la cirrhose était le seul facteur prédictif indépendant de décès avec un hazard ratio de 3,06 (95 % CI : 1,7-5,54, p = 0,0002).
Conclusion : La cirrhose a un impact pronostique majeur sur la survie des patients en hémodialyse chronique. Le dépistage de la cirrhose devrait être systématique lorsqu’une hémodialyse au long cours est nécessaire. Des progrès dans le processus d’identification des candidats à une greffe combinée foie-rein sont nécessaires.
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Vol 33 - N° HS1
P. 251 - mars 2009 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.