Introduction : La chirurgie des métastases hépatiques des cancers colorectaux (MHCCR) est réalisable chez des patients âgés avec la même sécurité et le même bénéfice que pour des patients jeunes. La majorité des études n’ont pas différencié les hépatectomies mineures et majeures et n’ont pas étudié l’influence d’un traitement néoadjuvant par chimiothérapie.

Le but de l’étude est d’évaluer le résultat des hépatectomies majeures pour MHCCR chez des patients de plus de 70 ans par une analyse rétrospective de données collectées prospectivement entre 1992 et 2007.

Matériels et Méthodes : 54 patients de plus de 70 ans (médiane 74 ans, 70 - 87 ans) ont eu une hépatectomie majeure. 82 % avaient reçu une chimiothérapie pré-opératoire. Les données concernant les métastases étaient : synchrones (39 %), bilobaires (40 %), ≥ à 3 (39 %), diamètre après chimiothérapie > 5 cm (48 %). Le score de Fong était ≥ 3 dans 43 % des cas. 46 % des patients ont eu une hépatectomie élargie droite ou gauche ou une hépatectomie médiane. Le poids médian de foie réséqué était de 580 g (250-1175 g).

Résultats : La médiane de séjour était de 17,5 jours. La morbidité post-opératoire était de 37,5 %, dont 26 % de complications graves (score de Clavien ≥ 3). La mortalité post-opératoire était de 5,5 %.

En analyse univariée, la morbidité était majorée par un nombre de métastases > 3 (p = 0,06) et par la réalisation d’une hépatectomie élargie droite ou gauche ou une hépatectomie médiane (p = 0,03). En analyse multivariée, seul le type de résection hépatique influençait la morbidité (p = 0,036).

Après un suivi médian de 63 mois, 35 patients sont décédés (7 de cause intercurrente). Les taux de survie globale et sans récidive à 1, 3 et 5 ans étaient respectivement de 81 %, 48 % et 30 % et de 54 %, 24 % et 22 %. En analyse univariée, la survie globale était altérée en cas de durée opératoire > 240 minutes (p = 0,06) et la survie sans récidive en cas de score de morbidité de Clavien ≥ 3 (p = 0,02).

Conclusion : Les hépatectomies majeures pour MHCCR peuvent être réalisées, après chimiothérapie, chez des patients de plus de 70 ans dans des conditions de sécurité et d’efficacité identiques à celles des sujets jeunes.