Le radon, gaz radioactif d'origine naturelle, est présent dans l'air intérieur des habitations mais à des concentrations variables, dépendant de la richesse en uranium et en radium des sous-sols. Son inhalation peut contribuer au développement d'un cancer du poumon comme l'ont montré les résultats d'études épidémiologiques conduites chez les mineurs d'uranium, ainsi que de nombreuses données d'expérimentation chez l'animal. Pour la population générale, les études épidémiologiques menées ces 20 dernières années, en France et plus généralement en Europe, ont permis de mettre en évidence une association claire entre l'exposition domestique au radon et le risque de cancer du poumon. Dans l'étude européenne, le risque s'accroît de 8 % (intervalle de confiance à 95 % de 3 % à 16 %) quand l'exposition au radon augmente de 100 Bq/m³ au cours des 30 années précédant le diagnostic de cancer du poumon, et ceci après ajustement sur l'âge, le sexe, la région de résidence, et le tabagisme. Selon les estimations actuellement disponibles, entre 5 et 12 % des décès par cancer du poumon seraient attribuables à l'exposition domestique au radon en France. Certes, le risque lié à l'inhalation du radon est faible comparativement à celui lié au tabagisme, mais grâce à des études épidémiologiques de grande envergure il a pu être mis en évidence à la fois chez les non-fumeurs, chez les fumeurs et les ex-fumeurs. Les recherches se poursuivent actuellement dans le cadre d'un vaste projet de recherche européen, Alpha-Risk, coordonné par le Laboratoire d'épidémiologie de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. En regroupant un grand nombre de données, obtenues aussi bien en milieu professionnel qu'en population générale, ce projet permettra de mieux préciser le risque de cancer du poumon pour des faibles niveaux d'exposition au radon, et s'intéressera également à d'autres effets sanitaires possibles.