Contexte. - En France, la répétition d'enquêtes nationales de prévalence des infections nosocomiales (IN) fait partie du plan quinquennal de lutte contre les IN mis en place en 1995. Afin d'évaluer les tendances de la prévalence de IN, nous présentons une analyse comparative des études conduites en 1996 et 2001 coordonnées par le CCLIN Nord.

Méthode. - La comparaison a été effectuée sur les mêmes établissements ayant participé aux deux études de 1996 et 2001 dans l'inter-région. La méthode était celle d'enquêtes de prévalence « un jour donné », fondées sur le volontariat des établissements, avec un recueil standardisé par patient des indicateurs de risque et des IN actives le jour de l'enquête. Les définitions des IN utilisées étaient celles des « 100 recommandations » du CTIN et du guide de définition du CCLIN Nord. Nous avons comparé les taux de prévalence (TxP) bruts et spécifiques, ainsi que la fréquence des indicateurs de risque. Les facteurs de risque significativement liés à l'IN par régression logistique ont servi à élaborer un score en cinq classes de risque infectieux nosocomial (Prevarisk) permettant une comparaison ajustée des deux années.

Résultats. - Au total, 161 établissements ont participé aux deux études incluant respectivement 61 422 et 58 749 patients. Entre 1996 et 2001, les TxP bruts de patients infectés et d'IN ont diminué respectivement de 7,8 à 7,3 % et de 9,0 à 8,0 % (p < 10^-3), soit des diminutions relatives de 6,4 et 11,1 %. En revanche, la fréquence des indicateurs de risque, excepté l'existence d'une intervention chirurgicale dans les 30 jours, a significativement augmenté. Les indicateurs de risque pris en compte dans Prevarisk étaient : âge > 65 ans, immunodépression, intervention chirurgicale dans les 30 jours, sondage urinaire et cathétérisme central. Chez les patients à faible risque (Prevarisk = 0), la réduction relative des TxP d'infectés et d'infections était de 17 et 19 %. La diminution n'était pas significative pour les patients à risque élevé (Prevarisk ≥ 3).

Conclusion. - Notre analyse a montré une diminution des TxP après prise en compte des indicateurs de risque, notamment chez les patients à faible risque. Ces résultats suggèrent une efficacité du programme de lutte contre les IN dans les établissements enquêtés en particulier chez les patients pour lesquels les IN seraient potentiellement évitables.

Background. - In France, repeated prevalence studies of nosocomial infections (NI) are part of governmental plan against NI built in 1995 by the Ministry of Health. To evaluate strand of NI prevalence, we performed a comparative analysis of two successive national point-prevalence surveys occurring in 1996 and 2001 for the Northern France.

Method. - Comparison concerned the hospitals, which participated in the two studies of 1996 and 2001 in Northern France. The studies were designed as a point-prevalence survey on voluntary basis. For each patient, risk factors and presence of active NI at the day of the study were recorded on standardised form. Criteria of NI used were these of “100 recommendations” of CTIN and of CCLIN North guideline. Prevalence rate (PR) and frequency of risk factors were compared. The risk factors significantly linked to NI by logistic regression were used to build a score of five risk levels of NI (PREVARISK) allowing an adjusted comparison of the 2 years.

Results. - Total of 161 hospitals participated at the two studies, including respectively 61 422 and 58 749 patients. Between 1996 and 2001, crude PR of infected patients and of NI decreased respectively from 7.8% to 7.3% and 9.0% to 8.0% (P < 10^-4), so then relative decreases were of 6.4% and 11.1%. In contrast, the frequency of risk factors, except surgery in the past 30 days, significantly increased. Risk factors included in PREVARISK were: age >65 years, immunosuppression, surgery in the past 30 days, urinary tract and central catheter. In patients with a low risk level (PREVARISK = 0), the relative decrease of infected patients and NI PR were of 17% and 19%. The decrease was not significant for patients with high risk level (PREVARISK ≥ 3).

Conclusion. - Our analyses show a decrease of PR adjusted on risk factors, especially in patients with a low risk level. These result suggest an efficacy of program against NI in studied hospitals especially for patients for whom NI would be potentially avoidable.