En s’appuyant sur les notions de subjectivation par l’écriture de soi selon Michel Foucault et de remaniement de l’identité narrative selon Paul Ricœur, nous souhaitons préciser la pertinence clinique d’un groupe d’écriture autobiographique pour les personnes âgées dépressives.

Après une analyse de la notion d’écriture de soi chez Foucault et de ses rapports avec la notion d’identité narrative chez Ricœur, nous en illustrons la portée avec l’étude de la dynamique suscitée par la participation d’une personne âgée dépressive à un groupe d’autobiographie par l’écriture. Les effets sur la dépression de la participation au groupe sont évalués par la Montgomery Asberg Depression Rating Scale, une grille d’observation de l’activité en groupe à chaque séance, un entretien semi-directif de fin de programme et des entretiens cliniques à distance.

Au-delà d’une amélioration de l’humeur, le mode d’appropriation de l'activité d’écriture par la personne atteste d’un processus de rétablissement expérientiel avec un nouveau sens conféré à l’existence et une reconfiguration en profondeur de l’univers subjectif.

Les notions d’écriture de soi et d’identité narrative s’avèrent complémentaires pour éclairer la dynamique observée dans le cas présenté. L’observation, réalisée sur un « terrain » a priori peu favorable à l’écriture (absence d’études, dépression enkystée chez une personne de 70 ans et compliquée de dépendance), a confirmé de façon inattendue les potentialités cliniques d’une approche s’appuyant sur l’écriture de soi au sein d’un groupe de personnes âgées.

La proposition d’une activité structurée d’écriture, s’appuyant sur les apports conceptuels de Michel Foucault et Paul Ricœur, peut se révéler féconde pour un parcours de rétablissement chez la personne âgée dépressive, même si seule l’appropriation du dispositif au sein de l’expérience vécue par la personne peut le confirmer.

Based on Michel Foucault's notion of subjectivation through self-writing and Paul Ricœur's reworking of narrative identity, our aim is to clarify the clinical relevance of an autobiographical writing group for depressed seniors.

After an analysis of Foucault's self-writing and its relationship to Ricœur's narrative identity, we illustrate its scope by studying the dynamics generated by the participation of an elderly depressive patient in an autobiographical writing group. The effects of the participation on depression were assessed using the Montgomery Asberg Depression Rating Scale, an observation grid of the group activity, a semi-directive interview held at the end of the program, and a series of remote clinical interviews.

In addition to an improvement in mood, the way the person appropriated the writing process gives evidence of an experiential recovery, with a new meaning conferred to one's existence and an in-depth reconfiguration of the subjective universe.

The concepts of self-writing and narrative identity are complementary in shedding light on the dynamics observed in the reported case. The data gathered from the person, who was not initially expected to embrace the invitation to write (lack of educational achievements, entrenched depression in a 70-year-old complicated by dependency), confirms the clinical potential of an approach based on self-writing within a group of elderly people.

The proposal of a structured writing activity, based on the conceptual contributions of Michel Foucault and Paul Ricœur, may prove fruitful in the recovery process for elderly people with depression, even if this can only be confirmed by the appropriation of the process within the person's lived experience.