Dans le cadre de cet article, nous nous intéresserons à l’objet en psychanalyse, et plus particulièrement à l’objet de l’excitation, comme coordonnée pulsionnelle entre monisme originaire et primat de l’autre. Nous questionnerons la fonction de l’objet dans le rapport à l’excitation, particulièrement à l’adolescence.

Pour illustrer nos propos nous nous appuierons sur la psychothérapie hebdomadaire d’une adolescente rencontrée en consultation alors qu’elle présentait un syndrome d’anorexie mentale.

La prise en charge a réactualisé le lien à l’objet de la pulsion en accentuant un rapport à l’excitation verrouillée dans le processus pubertaire. Au lieu d’affranchissement, il semblerait qu’il s’agisse, d’une forme de surinvestissement réactionnel du corps biologique dans ses contraintes : il s’agirait d’assécher le corps pulsionnel, en allant systématiquement et coûte que coûte contre les besoins de ce corps biologique. La question de l’objet est donc bel et bien embarquée dans cette sexualité biphasée et ses actualisations adolescentes, mais aussi dans des négociations de l’excitation sous le primat de l’autre.

Si l’adolescence n’est pas « une période de reviviscence de cette séparation-individuation » alors comment penser les incidences pulsionnelles d’une séparation effective sur la négociation du lien à l’autre : qu’il soit total ou partiel ? La question de l’objet pris dans les premières mailles de la subversion libidinale et de ses écueils, ouvrirait alors en thérapie des voies de dégagement directement liées aux modalités de satisfaction dans le transfert.

L’objet de cet article n’est pas de trancher de façon générique en la faveur d’un modèle théoricoclinique qui supplanterait l’autre en toutes circonstances, mais notre clinique nous invite clairement à souscrire aux apports de Laplanche, mais aussi de Dejours pour lequel l’engagement du corps est au premier plan dans la subversion libidinale et ses desseins.

In this article, we will look at the object in psychoanalysis, and more specifically the object of excitation, as a drive coordinate between original monism and the primacy of the other. We will question the function of the object in the relationship to excitation, particularly in adolescence.

To illustrate our remarks, we will use the weekly psychotherapy of an adolescent girl presenting an anorexia nervosa syndrome.

The treatment also brought up to date the link to the drive object by accentuating a relationship to excitation locked in the pubertal process. Instead of emancipation, it would seem to be a form of reactionary over-investment of the biological body in its very constraints, in order to counterbalance them: it would be a question of drying up the drive body, by systematically going against the needs of the biological body, whatever the cost. The question of the object is thus very much embroiled in this biphasic sexuality in its adolescent version, but also in the negotiation of arousal under the primacy of the other, which is particularly precocious.

If adolescence is not “a period of reliving this separation-individuation”, then how can we think about the instinctual impact on the negotiation of the bond with the other of an effective separation, whether total or partial? The question of the object caught in the net of libidinal subversion and its pitfalls would then open up avenues of release in therapy directly linked to the modalities of satisfaction in the transference.

The purpose of this article is not to make a generic decision in favor of one theoretical/clinical model that would supersede others in all circumstances, but our clinical practice clearly invites us to subscribe to the contributions of Laplanche, and also of Dejours, for whom the involvement of the body is at the forefront of libidinal subversion and its designs.