La consommation de médicaments psychotropes chez les enfants et les adolescents autistes en France. Analyse des bases du Système national de données de santé sur la période 2010–2022 - 20/03/25
The use psychotropic medications in children and adolescents with autism in France. Analysis of the bases of National Health Data System over the period 2010–2022

Résumé |
Contexte |
Les questions relatives à la consommation de médicaments psychotropes chez les enfants et les adolescents autistes font l’objet d’un intérêt soutenu dans la littérature scientifique et dans les débats publics au niveau international. Cependant, il n’existe à l’heure actuelle aucune donnée épidémiologique dédiée à cette thématique dans la littérature scientifique ni dans les informations dispensées par les agences de santé ou les pouvoirs publics en France. L’objectif de cet article est d’analyser les bases du Système National de Données de Santé (SNDS) pour décrire l’évolution de la consommation de médicaments psychotropes chez les enfants et les adolescents autistes entre 2010 et 2022, ainsi que les multiples variables cliniques, démographiques et sociales susceptibles de contribuer à la prescription.
Méthodes |
Nous avons procédé à l’analyse systématique de la consommation de médicaments psychotropes chez les patients autistes âgés de 0 à 17 ans dans le SNDS (99 % de la population résidant en France) entre 2010 et 2022, en nous intéressant tout particulièrement aux classes de médicaments suivantes : N05A antipsychotiques, N05B anxiolytiques, N05C hypnotiques et sédatifs, N06A antidépresseurs, N06B psychostimulants, N03 antiépileptiques, et N04 antiparkinsoniens.
Résultats |
L’analyse du SNDS montre une consommation élevée de médicaments psychotropes chez les enfants et les adolescents autistes : 36,8 % en 2022, dont 26,3 % chez les 0–2 ans, 27,8 % chez les 3 à 5 ans, 36,5 % chez les 6–11 ans et 41,7 % chez les 12–17 ans. La consommation de médicaments psychotropes chez les patients autistes âgés de 0 à 17 ans est stable entre 2010 (31,8 %) et 2019 (31,6 %), puis augmente entre 2019 et 2022 (36,8 %). On note cependant des disparités selon les sous-classes de traitements : à la baisse pour les antiépileptiques N03A (7,5 % en 2010 et 3,9 % en 2022), les antiparkinsoniens N04A (2,2 % en 2010 et 1,2 % en 2022), les antipsychotiques N05A (18,6 % en 2010 à 16,1 % en 2022), les anxiolytiques N05B (10,2 % en 2010 et 8,3 % en 2022) ; et à la hausse pour les traitements hypnotiques N05C (0,7 % en 2010 à 15,4 % en 2022), les antidépresseurs N06A (2,5 % en 2010 et 3,8 % en 2022), et les psychostimulants N06B (6,3 % en 2010 à 11,9 % en 2022). Ces taux de prescription se doublent de volumes de consommation importants avec une moyenne de 18 à 19 boîtes par an et par enfant, et des durées de traitement supérieures à 10 ans. Les poly-prescriptions sont nombreuses, les suivis biologiques associés aux prescriptions insuffisants. Le taux de défavorisation sociale au sein de cette population est de 43,5 % en 2022.
Discussion |
Les résultats sont discutés à la lumière des consensus scientifiques internationaux, des recommandations des agences de santé et des initiatives contemporaines portant sur les pratiques de déprescription dans le cas de l’autisme et des soins dispensés aux enfants et aux adolescents. Des recherches complémentaires sont nécessaires pour étudier les potentiels effets indésirables de ces médications, les motifs cliniques des prescriptions et les stratégies thérapeutiques les plus adaptées aux enfants autistes.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Context |
Questions regarding the use of psychotropic medications in children and adolescents with autism have drawn significant attention in the scientific literature and public debates at the international level. However, to date, no dedicated epidemiological data are available on this topic in the scientific literature or in information provided by health agencies or public authorities in France. This article aims to analyze data from the National Health Data System (SNDS) to describe trends in psychotropic medication use among children and adolescents with autism between 2010 and 2022, as well as the clinical, demographic, and social factors contributing to these prescriptions.
Methods |
A systematic analysis was conducted on psychotropic medication use in autistic patients aged 0 to 17 years within the SNDS database (covering 99% of the population residing in France) from 2010 to 2022. The study focused on the following classes of medications: N05A antipsychotics, N05B anxiolytics, N05C hypnotics and sedatives, N06A antidepressants, N06B psychostimulants, N03 antiepileptics, and N04 antiparkinsonians.
Results |
Analysis of the SNDS data revealed a high rate of psychotropic medication use among children and adolescents with autism: 36.8% in 2022, including 26.3% among 0–2-year-olds, 27.8% among 3–5-year-olds, 36.5% among 6–11-year-olds, and 41.7% among 12–17-year-olds. The use of psychotropic medications in autistic patients aged 0 to 17 years remained stable between 2010 (31.8%) and 2019 (31.6%) but increased from 2019 to 2022 (36.8%). However, disparities are observed across treatment subclasses: a decrease in antiepileptics (N03A) (7.5% in 2010 to 3.9% in 2022), antiparkinsonians (N04A) (2.2% in 2010 to 1.2% in 2022), antipsychotics (N05A) (18.6% in 2010 to 16.1% in 2022), and anxiolytics (N05B) (10.2% in 2010 to 8.3% in 2022); and an increase in hypnotics (N05C) (0.7% in 2010 to 15.4% in 2022), antidepressants (N06A) (2.5% in 2010 to 3.8% in 2022), and psychostimulants (N06B) (6.3% in 2010 to 11.9% in 2022). These prescription rates are accompanied by significant consumption volumes, with an average of 18 to 19 boxes per year per child and treatment durations exceeding 10 years. Polypharmacy is prevalent, and associated biological monitoring is insufficient. The social disadvantage rate within this population was 43.5% in 2022.
Discussion |
The findings are discussed in light of international scientific consensus, recommendations from health agencies, and contemporary initiatives focusing on deprescription practices in autism care for children and adolescents. Further research is needed to explore the potential adverse effects of these medications, the clinical reasons for their prescriptions, and the most suitable therapeutic strategies for autistic children.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Autisme, Médicaments psychotropes, Prévalence, Épidémiologie, Système National de Données de Santé (SNDS)
Keywords : Autism, Psychotropic medication, Prevalence, Epidemiology, Health Data Bases
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