La maltraitance parentale est un phénomène complexe et multifactoriel, générant des troubles affectifs et cognitifs en lien avec la Théorie de l’Esprit (TdE), (Heleniak & McLaughlin, 2020).

Analyser l’impact de la maltraitance parentale sur les capacités des adolescents tunisiens, âgés de 11 à 16 ans, à inférer les états mentaux épistémiques et émotionnels d’autrui.

Quarante-cinq sujets ont été recrutés, dont 15 identifiés comme ayant subi de la maltraitance parentale et placés dans un Centre Intégré de la Jeunesse et de l’Enfance (groupe expérimental). Ces derniers ont été appariés selon l’âge, le sexe, le niveau intellectuel général et le niveau socioéconomique à 30 adolescents tout-venant.

Les capacités de mentalisation affective et cognitive ont été évaluées à partir de la version tunisienne de la batterie de la TdE (Salhi, 2022).

Les scores obtenus par le groupe expérimental sont significativement inférieurs à ceux du groupe contrôle pour la majorité des épreuves de la TdE cognitive et affective, à l’exception des tâches de détection de l’intensité d’un ressenti émotionnel. Des différences non significatives entre les deux groupes s’observent également aux tâches de TdE cognitive de premier ordre et de l’humour.

Une interdépendance relative entre les indices de la TdE s’observe, renforçant la validité de son construit psychologique.

Nos Résultats s’alignent à ceux issus des travaux internationaux selon lesquels les niveaux perceptuels de la mentalisation, autant affectif que cognitif, sont préservés, contrairement aux niveaux les plus élaborés qui sont significativement altérés (Hélie & Clément, 2019). La compréhension du discours humoristique est problématique pour les deux groupes d’adolescents, marquée par une maturation plus lente se poursuivant à l’âge adulte.

Cette étude permet de cibler les programmes de remédiation sociocognitive adaptés aux populations ayant subi de la maltraitance et ouvre la voie à des pistes de recherche dans ce domaine.