En 2020, pour faire face à la pandémie de COVID-19, une réorganisation majeure du système de santé a été mise en place, entraînant la déprogrammation des soins non essentiels. En dépit de leur caractère urgent, une baisse des hospitalisations pour évènements cardiovasculaires aigus (ECA) (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, embolie pulmonaire et insuffisance cardiaque) a été constatée. Nous avons étudié l’évolution des consommations de soins des patients ECA en période pandémique et les coûts associés.

Cette étude nationale observationnelle française dans le Système National des Données de Santé a identifié 3 481 127 patients-années ECA sur la période 2015–2022 en utilisant la Cartographie des pathologies et des dépenses de l'Assurance Maladie (version G11). Les dépenses totales attendues entre 2020 et 2022 en l'absence de pandémie ont été estimées avec un modèle de Poisson, en prenant comme référence la tendance des années 2015−2019. La différence entre les dépenses observées et attendues en période pandémique constituait l'indicateur de perturbation de l’évolution des dépenses.

L'augmentation estimée des remboursements de l'ensemble des dépenses de santé des patients ECA s'élevait à 45,9 M€ [18,2–73,5 M€] (+0,5%) ([intervalle de confiance à 95%] (pourcentage d'augmentation observé relatif à l'attendu)) pour l'année 2020, 454,6 M€ [424,1–485,3 M€] (+4,6%) pour 2021, et 507,2 M€ [475,6–539,5 M€] (+5,1%) pour 2022. L'augmentation cumulée de 2020 à 2022 était de 1007,7 M€ [955,9–1059,0 M€] (+3,6%) pour les 1 298 896 patients-années ECA concernés. Une hospitalisation pour COVID-19 concernait 53 099 (4,1%) d'entre eux, et l'augmentation de l'ensemble de leurs dépenses de soins cumulée entre 2020 et 2022 s’élevait à 728,9 M€ [726,2–731,7 M€].

Pendant la pandémie, les remboursements des dépenses de santé des patients ECA ont augmenté de 3,6%, 72,3% de ce surcoût étant porté par ceux hospitalisés pour COVID-19 alors qu'ils représentaient 4,1% de l'effectif. Des analyses détaillées par poste de dépense permettront d'explorer les modifications des parcours de soins en période pandémique.