La pandémie de COVID-19 a provoqué des interruptions dans la prise en charge des cancers, entraînant des retards de traitement susceptibles d'augmenter la mortalité. Plusieurs études ont estimé que les retards de diagnostic et de traitement pourraient entraîner une augmentation de la mortalité, avec un excès de décès à 5 ans après diagnostic variant entre 7 % et 10 % pour le cancer du sein dans les pays développés. Un premier modèle de microsimulation, fondé sur une approche de matching de contrefactuel a été développé pour estimer l'impact de ces retards dans plusieurs centres français. Cette étude vise à appliquer ce modèle à l’échelle nationale afin d’évaluer l'effet des retards de prise en charge sur la mortalité à 5 ans pour le cancer du sein.

Les données du PMSI de 2018 à 2021 ont été utilisées pour comparer les populations de patientes avant et après le premier confinement du 17 mars 2020. Les flux de patientes ont été prédits, et leurs trajectoires et caractéristiques simulées pour l'année 2020, avec une stratification par région. Un algorithme a permis d'apparier les patientes attendues avec celles observées après le confinement, en tenant compte du statut métastatique et des soins reçus. Les retards individuels ont été évalués, et des ratios de risque (HR) issus de la littérature ont permis d'estimer la mortalité additionnelle à 5 ans en fonction des délais calculés.

En France, 38 231 patientes étaient attendues pour un traitement pour le cancer du sein dans l'année suivant le confinement de mars 2020. Nous estimons que 6 970 patientes (soit 18,2 %) ont subi un retard de traitement. Globalement, l'augmentation de la mortalité à 5 ans pour toutes les patientes est estimée à 3,2 %.

Cette étude fournit des estimations nationales de l'impact des retards de soins liés à la pandémie sur la mortalité par cancer du sein, et propose un cadre méthodologique pour analyser les données de santé en contexte de crise.