Personnes vivant avec le VIH à Mayotte, quelques particularités en Santé Mentale et Santé Sexuelle - 12/02/25
Résumé |
Comme pour beaucoup de maladies chroniques, l'annonce de l'infection au VIH peut constituer une rupture psychique entraînant une modification profonde du rapport à soi et aux autres.
L'estime de soi demeure ainsi un enjeu charnière de la prise en charge et vient interroger conjointement, par leurs approches pluridimensionnelles, Santé Mentale et Santé Sexuelle. Dans la spécificité du contexte mahorais, la mise en perspective des déterminants individuels, socioéconomiques et sociétaux, et d'aspects fondamentaux tels que la protection des IST et des grossesses non-désirées, le plaisir, le consentement, la non-exploitation, l'honnêteté et le partage de valeurs donne à voir une réalité toute singulière. Ce prisme pose dès lors un regard lucide là où droits humains et droits sexuels sont perpétuellement laissés en souffrance.
Sur cette toile de fond insulaire conservatrice et stigmatisante, tissée d'une extrême pauvreté, d'une migration incontrôlée, de violences en tout genre et d’« exceptions légales » se délite l'offre sanitaire et se détériore le lien social. Une telle cascade de ruptures induit un cumul de vulnérabilités qui, surexposant à de multiples précarités, exacerbera l'insécurité sexuelle. A bas bruit, se joue ici une urgence humanitaire dont l'impact sur des patient.e.s non-affilié.e.s, en situation irrégulière et/ou sans logement fixe s'avère criant. Outre un isolement social marqué, les personnes vivant avec le VIH composent souvent avec le mensonge ou le silence, se condamnent fréquemment à un couple qui ne les satisfait pas ou se voient contraintes à la prostitution de subsistance, faute d'alternatives à leur survie. Invisibilisé ou banalisé, ce constat cru nous rappelle pourtant que la stratégie 2016-2021 de l'ONUSIDA et le plan d'action 2013-2020 pour la Santé Mentale de l'OMS avaient déjà établi des préconisations claires qui ne demandent qu’à être appliquées. Loin de tenter de suppléer aux carences des autorités compétentes, il s'agira surtout pour les équipes soignantes de se fédérer et de dynamiser les réalisations de terrain. Dans cette optique, la participation de Mayotte à l'enquête VESPA 3 DROM représente tout autant un accès à une connaissance fine des besoins spécifiques qu'un formidable plaidoyer pour faire entendre les voix d'un ailleurs encore négligé.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 4 - N° 1S
P. S4 - février 2025 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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