La Réduction des Risques tattoo/piercing et modifications corporelles dans les lieux de privation de liberté - 12/02/25
Résumé |
La prévalence du VIH et des hépatites dans les prisons françaises est six fois plus importante qu'en milieu libre (selon l'institut de veille sanitaire en 2013). Une des principales raisons est liée aux transmissions dues aux pratiques de modifications corporelles, et notamment à celle du tatouage sauvage réalisée en cellule.
Ces tatouages se font dans des conditions d'hygiène et d'asepsie qui ne sont pas adaptées et avec du matériel qui n'est ni stérile, ni à usage unique. Dans ces conditions, ces pratiques sont des facteurs de contaminations par le VIH, les hépatites ainsi que par diverses bactéries (staphylocoque, streptocoque, etc.).
Face à ces constats, nous avons décidé de mener une action de santé communautaire sous forme d'atelier de réduction des risques dans une maison d'arrêt afin d'accompagner et d’éduquer les détenu-e-s au tatouage sécurisé pour réduire les risques infectieux et sanitaires liés à ces pratiques.
Pour cela, un intervenant médico-social d'une association de réduction des risques accompagné d'un tatoueur et d'une perceuse ont organisé des sessions mensuelles de réduction des risques sur le tatouage/ piercing aux détenu.e.s concerné.e.s dans les quartiers hommes et femmes autour de trois axes :
1. Sensibilisation, accompagnement et éducation au tatouage sécurisé (technicité de tatouage sauvage, modes de transmissions, risques infectieux et sanitaires, etc.) ;
2. Création d'outils pour réduire les risques des pratiques de tatouage en cellule (kits tatouage, flyer expliquant les stratégies de tatouage sécurisé) ;
3. Séances de tatouage sécurisé effectuées par le tatoueur professionnel au sein de la prison pendant l'action sous certaines conditions: pas de tatouages haineux, ni racistes, ni visibles (sur le cou, le visage, les mains), ni supérieur à 20 minutes et tous les tatouages sont gratuits.
Après une année d'activité, nous avions évalué:
- que l'intervention avait amélioré la sécurisation des pratiques de tatouage des détenu.e.s dans les cellules (et donc a permis la diminution des risques sanitaires et infectieux) ;
- une nette augmentation des inscriptions au cours de l'année ;
- le développement du niveau de connaissances et de sensibilisation des détenu-e-s concernant les risques sanitaires et infectieux liés à leurs pratiques sauvages de modifications corporelles ;
- la construction individuelle et collective avec les personnes concernées de stratégies de réduction des risques ainsi que des outils qui répondent à leurs problématiques ;
- l'implication, la mobilisation, le partage de savoirs, de connaissances et l’échange d'expertise entre les détenu-e-s.
De plus, ces sessions ont nourri le recueil des besoins :
- des détenu-e-s en vue d'un futur plaidoyer visant l'aménagement des lois carcérales sur le tatouage ;
- d'une formation diplômante de tatoueur dispensée en prison afin de former les détenu-e-s au tatouage sécurisé et de préparer ainsi leur réinsertion.
Cette intervention d'accompagnement et d’éducation au tatouage sécurisé est également un vecteur de promotion de la réduction des risques qui a déclenché d'autres actions de santé dans cette prison et qui pourrait être reproduite dans d'autres établissements pénitentiaires, notamment à Mayotte.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 4 - N° 1S
P. S30 - février 2025 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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