Réduction des risques alcool - 12/02/25
Résumé |
La réduction des risques, souvent associée à des produits illégaux, concerne également des substances légales comme l'alcool et des comportements addictifs tels que les jeux d'argent. Elle vise à informer les individus, leur fournir des outils pour réduire les dommages liés à leur consommation, sans jugement ni diabolisation. Pourtant, la réduction des risques liée à l'alcool se heurte à des stigmatisations et à une méconnaissance de ses objectifs.
L'alcool et sa perception ambivalente |
En France, l'alcool occupe un statut ambigu: valorisé dans certains contextes (« avec modération »), il est diabolisé lorsqu'il est consommé par des groupes marginalisés, comme les sans-abris. Ces jugements rendent complexe la mise en œuvre d'approches pragmatiques pour réduire les risques liés à sa consommation.
Exemples de réduction des risques alcool |
1. Pour les sans-abris:
Pendant la crise COVID, des projets ont permis aux sans-abris de consommer de l'alcool dans leurs hébergements. Ces initiatives ont non seulement réduit les nuisances et violences (liées à une consommation massive avant d'entrer dans des lieux où l'alcool est interdit) mais aussi favorisé l'acceptation des hébergements par ces populations.
2. Chez les jeunes:
La campagne « C'est la base » de Santé publique France, qui donne des conseils pratiques comme « boire de l'eau régulièrement » ou « raccompagner un ami ayant trop bu », a suscité des critiques, certains accusant l’État d'encourager la consommation. Pourtant, cette initiative vise à réduire les risques pour une population qui consomme déjà.
3. Dry January:
Le « Dry January », qui invite à réduire ou arrêter la consommation d'alcool pendant un mois pour en mesurer les effets, illustre également une approche de réduction des risques. Malgré son succès croissant, cette initiative est parfois critiquée pour son supposé « hygiénisme », bien qu'elle repose sur une démarche positive et motivante.
Enjeux et résistances |
La réduction des risques, qu'elle concerne l'alcool ou d'autres substances, défie une vision binaire des addictions: soit l'abstinence totale, soit l'absence de règles. Cette posture pragmatique est souvent mal comprise ou suspectée d'encourager la consommation. Les critiques se fondent sur des idées reçues et une stigmatisation omniprésente, qui pénalise les consommateurs, qu'ils soient actifs (« irresponsables ») ou abstinents (« ennuyeux »).
Bénéfices et perspectives |
La réduction des risques améliore la santé des consommateurs en diminuant les dangers liés à l'alcool, en offrant des alternatives aux approches dogmatiques et inefficaces, et en instaurant un dialogue respectueux. Intégrer ces pratiques dans les politiques publiques permettrait de déconstruire les stéréotypes et de lutter contre la stigmatisation, qui reste une cause de marginalisation et de souffrance.
En conclusion, la réduction des risques doit s'appliquer à toutes les substances et comportements addictifs. Son approche fondée sur le respect et l’écoute constitue un levier essentiel pour changer les perceptions et les politiques liées aux drogues et aux addictions.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 4 - N° 1S
P. S29 - février 2025 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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