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Ré-émergence du paludisme en Guyane en 2023-2024 - 12/02/25

Doi : 10.1016/j.mmifmc.2025.01.043 
L. Epelboin 1, 2, , M. Oberlis 3
1 Centre Hospitalier de Cayenne, Université de Guyane, Guyane, France 
2 Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française, Paris, France 
3 Croix-Rouge française Guyane, France 

Auteur correspondant :

Résumé

La Guyane a connu une réémergence du paludisme due à Plasmodium vivax en fin 2023- début 2024, marquant une rupture après des années de diminution progressive du nombre de cas annuels, passant de plus de 3000 cas en 2009 à 50 cas environ en 2022. Ce phénomène épidémique a touché à la fois les zones littorales et les sites d'orpaillage isolés. Les populations affectées incluent les orpailleurs, les militaires, et les habitants de certaines communes du littoral non exposées depuis des décennies. Les facteurs contributifs incluent des changements environnementaux (effet El Niño, sécheresse exceptionnelle en 2023), l'arrêt d'interventions ciblées, telles que Malakit et Palustop et des mouvements de populations associées à l'orpaillage illégal en provenance de régions du Brésil endémiques pour P. vivax.

L'un des moyens de lutter contre l’épidémie serait de traiter efficacement les patients atteints de paludisme à Plasmodium vivax, l'approche initiale consiste à administrer de l'artéméther/luméfantrine (en l'absence de chloroquine), suivie d'un traitement par la primaquine pour éradiquer les formes dormantes du parasite dans le foie. Cependant, cette stratégie présente plusieurs défis. Les rechutes sont fréquentes et semblent survenir plus souvent après l'utilisation artéméther/luméfantrine comparé à la chloroquine. Par ailleurs, des difficultés se posent dans le suivi des patients: certains, traités en ville ou aux urgences, ne sont pas correctement référés à l'Unité des Maladies Infectieuses et Tropicales (UMIT), ce qui complique leur prise en charge. Le parcours thérapeutique impose également des contraintes, notamment le dosage de la primaquine à J0, J3 et J7, avec les résultats disponibles seulement à J14 et la délivrance du traitement à J28. Ce protocole, complexe et prolongé, s’étale sur 14 jours de traitement par primaquine, suivis de bilans supplémentaires à J35 et J42, rendant l'observance thérapeutique difficile pour de nombreux patients.

Plusieurs solutions ont permis d'améliorer plusieurs points : l'obtention de la chloroquine depuis les Pays-Bas (arrêt de la commercialisation en France en 2022), l'utilisation en hors les murs du TDR G6PD, la délivrance à J0 de la primaquine au lieu de J14. En plus de l'optimisation des traitements antipaludiques d'autres points ont été améliorés comme le dépistage, le traitement et le suivi des patients asymptomatiques dans certaines localités particulièrement touchées, la recherche proactive des perdus de vue, et la réactivation des interventions communautaires notamment via des équipes mobiles dédiées au paludisme de la Croix Rouge française et de l’équipe mobile de santé publique en communes (EMSPEC) affiliées aux centres délocalisés de prévention et de soins (CDPS).

Cette résurgence illustre l'importance de maintenir des efforts constants en matière de prévention et de prise en charge des maladies vectorielles en Guyane. Une approche multidimensionnelle est essentielle pour limiter l'impact de cette épidémie et prévenir de futures ré-émergences et de se diriger vers l’élimination du paludisme en Guyane, comme espéré par l'OMS.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots-clés : paludisme, Plasmodium vivax, Guyane française



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