La diphtérie à Mayotte et dans l'océan Indien: aspects épidémiologiques et microbiologiques - 12/02/25
Résumé |
La diphtérie présente des formes cliniques variées, de l'infection respiratoire classique avec signes toxiniques, aux formes cutanées, fréquentes dans les zones tropicales, souvent caractérisées par des ulcères polymicrobiens persistants. Les agents de la diphtérie sont les souches porteuses du gène de la toxine diphtérique de Corynebacterium diphtheriae, à transmission interhumaine, et Corynebacterium ulcerans, strictement zoonotique. Si la diphtérie a nettement reculé grâce à la vaccination, elle continue à être observée dans les pays où la couverture vaccinale est insuffisante. Une revue de l’épidémiologie et la microbiologie de la diphtérie à La Réunion et Mayotte est présentée ici.
En France, la surveillance de la diphtérie repose sur la déclaration obligatoire. Le diagnostic (détection par PCR du gène tox codant la toxine diphtérique) est réalisé au Centre National de Référence, mais aussi localement à Mayotte et à La Réunion. Contrairement à celle de l'Organisation Mondiale de la Santé, la définition de la maladie en France ne repose pas sur le test d'Elek, qui révèle la production de la toxine, car il est trop lent à réaliser et uniquement disponible au CNR. A Mayotte et La Réunion, le CNR a recensé 35 cas d'infections à C. diphtheriae tox-positif entre 2007 et 2024, dont 13 en 2022 ; 100 tox-négatifs ont par ailleurs été détectés sur la même période.
Plusieurs études récentes se sont penchées sur la diphtérie à Mayotte et La Réunion. Une étude coordonnée par Santé publique France et le Centre Hospitalier de Mayotte (Belchior et al. Emerg Inf Dis 2017) a décrit 14 cas entre 2007 et 2015, dont un décès. Alberto et al. décrivent 13 cas d'infections cutanées à C. diphtheriae, dont 5 toxinogènes, entre 2015 et 2018 [1]. En 2021, Santé publique France alerte sur une augmentation de l'incidence de la diphtérie à Mayotte (12 cas de 2019 à juin 2021) dans un contexte de couverture vaccinale insuffisante chez les enfants et les adultes. Un cas de polyneuropathie à Mayotte est décrit [2]. Enfin, une étude menée à La Réunion entre 2015 et 2020 recense 26 infections par les agents de la diphthérie, dont 24 cutanées et 2 causées par C. ulcerans ; malgré une diversité considérable de souches (21 séquençotypes), une transmission locale de C. diphtheriae est détectée [3]. Dans toutes ces études, C. diphtheriae est retrouvée dans les formes cutanées en association à Staphylococcus aureus et Streptococcus pyogenes, soulignant l'importance pour le diagnostic de spécifier la recherche de C. diphtheriae.
Des épidémies de diphtérie, essentiellement de formes respiratoires, peuvent survenir quand la couverture vaccinale est très insuffisante, comme en Afrique de l'Ouest en 2024. Les formes cutanées sont souvent accompagnées d'un portage pharyngé, soulignant l'importance du suivi microbiologique et clinique des patients et de leurs contacts. L’épidémiologie de la diphtérie des 20 dernières années à Mayotte et La Réunion rappelle l'importance de la surveillance, du diagnostic rapide, de disposer de sérum contre la toxine diphtérique, et de la vaccination.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots-clés : épidémiologie, diagnostic, réémergence, formes cutanées
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Vol 4 - N° 1S
P. S18 - février 2025 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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