La Lèpre à Mayotte - 12/02/25
Résumé |
La lèpre, ou maladie de Hansen, est une infection due à Mycobacterium leprae ayant un tropisme cutané et neurologique, d’évolution chronique. Le mode de transmission est principalement interhumain, en particulier si le patient est multibacillaire.
En 2023 64 nouveaux cas de lèpre ont été diagnostiqués à Mayotte, avec 52 formes multibacillaire et 12 paucibacillaires. Une étude épidémiologique portant sur la période de 2006 à 2019 à Mayotte décrivait 674 nouveaux cas dont 332 (49,3 %) autochtones, 185 (27,4 %) importés et 157 (23,3 %) d'origine indéterminée. 91 % des cas importés étaient des patients de Anjouan. L'incidence moyenne annuelle sur cette période était de 2,2 cas pour 10 000 habitants et la prévalence de 3,11 pour 10 000 habitants, dépassant le seuil OMS de problème de santé publique fixé à 1/100 000. L’âge moyen était de 29,8 ans. La lèpre est donc un problème de santé publique à Mayotte, notamment chez les migrants originaires de Anjouan.
La présentation clinique est polymorphe mais doit être évoqué devant des lésions de type papulo-nodules fermes de couleur peau distribués de manière symétriques sur les oreilles, le visage ou les extrémités ou encore devant une ou plusieurs macules ou tâches hypochromiques rondes à ovales allant de quelques millimètres à plusieurs centimètres, hypoesthésiques au toucher. L'atteinte neurologique se présente sous la forme d'une hypertrophie nerveuse et d'une neuropathie périphérique longueur dépendante se compliquant de troubles moteurs et trophiques à l'origine de handicaps chroniques.
Le diagnostic est clinique mais on peut s'aider d'une biopsie cutanée à la recherche du bacille. L'analyse du suc dermique par frottis n'est pas réalisée à Mayotte.
Le traitement est rendu complexe par le suivi difficile des patients, notamment du fait de leur situation irrégulière à l'origine de multiples reconduite à la frontière. Ceci entraine de nombreuses interruptions qui rallongent la durée totale du traitement. Le traitement repose sur une polychimiothérapie composée de trois médicaments pour éviter l'apparition de résistance: rifampicine, dapsone (après élimination d'un déficit en G6PD) et clofazimine. En cas de déficit en G6PD, la dapsone pourra être remplacée par de la clarithromycine.
Selon l'OMS ce traitement sera instauré pour une durée de 6 mois en cas de forme paucibacillaire et 12 mois en cas de forme multibacillaire, mais les habitudes locales proposent un traitement pour une durée de 12 mois en cas de forme paucibacillaire et 24 mois en cas de forme multibacillaire. Les états réactionnels (ER) sont des complications immunitaires de la lèpre. Elles sont de deux types: réaction de réversion (type 1) et érythème noueux lépreux (type 2) et peuvent être délétères pour la peau, les nerfs, les articulations, voire mettre en jeu le pronostic vital dans de rares cas. Les ER représentent un autre enjeu thérapeutique, car souvent à l'origine d'une corticodépendance.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots-clés : lèpre, Mayotte, traitement
Vol 4 - N° 1S
P. S17 - février 2025 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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