Maladies infectieuses émergentes et réchauffement climatique - 12/02/25
Résumé |
Le réchauffement climatique en lien avec les activités humaines est aujourd'hui une réalité indiscutable et largement documentée. La production des gaz à effet de serre (GES) au début du XXIe siècle est cinq fois supérieure à ce qu'elle était au début du XXe siècle, lorsque cette production de GES a enclenché le réchauffement de la planète. Le renforcement du réchauffement climatique tout au long du XXIe siècle apparait donc inévitable.
Les conditions d'émergence/réémergence des maladies transmissibles en lien avec le climat sont multiples. À titre d'exemple, les facteurs d'augmentation des cas de dengue autochtone dans le sud-est de la France combinent un réchauffement objectif supérieur à 4°C des températures moyennes au mois d'août (sur une période de 70 ans) associé à une adaptation du vecteur Aedes albopictus détecté dans le sud-est de la France à partir de 2004 et à une augmentation de la circulation virale en France hexagonale du fait du grand nombre de cas humains importés à partir des épidémies en zone Caraïbes (Antilles françaises), Guyane et Afrique subsaharienne. Les conditions sont ici réunies pour une endémisation prochaine de la dengue en France.
Il est toutefois plus pertinent de parler de crise climatique globale, dans la mesure où il s'agit bien des différents éléments du climat qui contribuent à l'émergence. Ainsi l'émergence dans le Sud-Ouest des États-Unis du virus Hanta dans les années 90 a été mise en lien avec le phénomène El Niño combinant réchauffement et modification de la pluviosité, avec un impact sur le réservoir murin (Peromyscus maniculatus). De même les événements climatiques extrêmes de la première décennie du XXIe siècle se sont accompagnés d’émergences ou réémergences localisées de pathogènes persistants dans l'environnement : Leptospira spp., giardia intestinalis, entéropathogènes, norovirus, cryptosporidies. Cette crise climatique globale a donc des impacts très diversifiés sur l’émergence, pouvant modifier la distribution des vecteurs (tiques, moustiques), influer sur la dynamique de transmission des pathogènes comme la leptospirose en cas d'ouragans, les pathogènes entériques, les vibrions en abaissant la salinité des eaux costales, modifiant les trajectoires des voies de migrations des oiseaux (pouvant contribuer à la dissémination de pathogènes tels que la fièvre hémorragique Crimée-Congo FHCC).
Le constat mené par l'OMS, concernant les facteurs favorisant l’émergence/réémergence de pathogènes humains, montre que le sujet est bien celui d'une crise globale résultant de facteurs sociétaux, environnementaux et climatiques : changements d'utilisation des terres et pratiques agricoles, changements démographiques et sociétaux, dégradation de la santé des humains et prises en charge médicales sont les principaux facteurs identifiés ; les autres facteurs sont l’évolution de l'antibiorésistance, la contamination de l'eau, les voyages internationaux, l’échec des programmes de santé publique, l'intensité du commerce international. Le climat un facteur associé important qui s'intègre donc dans la combinaison d’évènements multiples contribuant à l’émergence.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots-clés : gaz à effet de serre, climat, environnement, démographie, émergence
Vol 4 - N° 1S
P. S10 - février 2025 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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