Le pont aux ânes de l’autonomie du patient en psychiatrie - 14/12/24
The donkey bridge of patient autonomy in psychiatry
Résumé |
En éthique des soins de santé, l’autonomie du patient est souvent considérée comme un principe fondamental, surpassant même les principes de bienfaisance, non-malfaisance et justice. Inspiré par les philosophies libérales (comme J.S. Mill) et les morales du devoir (notamment Kant), ce principe reconnaît la dignité humaine et le droit de chacun à prendre des décisions libres en matière de santé. Dans la pratique, cela se traduit par l’obligation pour les soignants d’informer clairement le patient et d’obtenir son consentement éclairé, tout en respectant le secret professionnel. Cependant, en psychiatrie, ce principe pose un défi particulier. Les troubles mentaux peuvent altérer la capacité décisionnelle des patients, compromettant ainsi leur autonomie. Des situations délicates surviennent lorsqu’un patient psychotique ou gravement dépressif refuse les soins nécessaires. Les soignants sont alors confrontés à des dilemmes éthiques : doivent-ils imposer un traitement « pour le bien » du patient, au risque d’adopter une approche paternaliste souvent critiquée aujourd’hui ? Ce dilemme révèle une tension entre l’autonomie individuelle et la réalité de la vulnérabilité humaine. Certains éthiciens suggèrent une approche plus relationnelle de l’autonomie, où les décisions du patient sont soutenues par son entourage et par les soignants, créant ainsi un cadre où l’autonomie s’exerce dans l’interdépendance. Dans cette perspective, l’aide apportée au patient ne nie pas son autonomie mais la soutient. Finalement, en psychiatrie, le respect de l’autonomie doit être nuancé, permettant dans certains cas le recours à des soins contraints pour protéger les intérêts fondamentaux du patient et de ceux qui l’entourent.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
In bioethics, patient autonomy is often considered a fundamental principle, even more important than beneficence, non-maleficence and justice. Inspired by liberal philosophies (such as J.S. Mill) and the morality of duty (especially Kant), this principle recognizes human dignity and the right of each individual to make free decisions about their health. In practice, this means that health professionals are obliged to provide patients with clear information and obtain their informed consent, while respecting professional confidentiality. In psychiatry, however, this principle is particularly challenging. Mental disorders can affect patients’ capacity to make decisions, thereby compromising their autonomy. Delicate situations arise when a psychotic or severely depressed patient refuses necessary care. Carers then face an ethical dilemma: should they impose treatment ‘for the good’ of the patient, at the risk of adopting a paternalistic approach that is now frowned upon? This dilemma reveals a tension between individual autonomy and the reality of human vulnerability. Some ethicists propose a more relational approach to autonomy, in which the patient's choices are supported by those around him and by carers, creating a framework in which autonomy is exercised in interdependence. From this perspective, helping patients does not negate their autonomy, but rather supports it. Finally, in psychiatry, respect for autonomy must be nuanced, allowing in some cases the use of restricted care to protect the fundamental interests of the patient and those around him or her.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Éthique des soins de santé, Psychiatrie, Autonomie relationnelle, Vulnérabilité
Keywords : Bioethics, Psychiatry, Relational autonomy, Vulnerability
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