Caractéristiques des cas de tuberculose résistante aux antituberculeux en Guyane de 2020 à 2023 - 13/12/24
Résumé |
Introduction |
La Guyane est au 1er rang des régions françaises en termes d'incidence, avec un taux de déclaration tuberculose maladie de 19,7 cas pour 100 000 habitants. La prévalence de la tuberculose multirésistante (MDR) est élevée dans les pays limitrophes comme le Brésil mais aussi dans les pays pourvoyeurs de migrations forcées vers la Guyane. Ce travail a pour objectif d’établir pour ce département, la diversité des résistances et le profil des patients concernés.
Méthode |
Cette étude rétrospective décrit les patients pour lesquels une souche ayant au moins une résistance à un antituberculeux de première ligne a été isolée à l'IPG entre 2020 et 2023. Les données sociodémographiques et cliniques ont été relevés. L'antibiogramme phénotypique est réalisé en milieu liquide SIRE® BACTEC®. Les tests moléculaires sont ceux de la stratégie diagnostique du territoire (Genexpert® pour la résistance à la rifampicine (RMP) sur le premier échantillon) ou sur échantillon ou culture à l'IPG avec le test GenoType® MTBDRplus. L‘antibiogramme génotypique est réalisé par le CNR-MyRMA par séquençage ciblé (Deeplex®- Myc-TB).
Résultats |
En quatre ans, 228 patients ont eu un diagnostic bactériologique de tuberculose à l'IPG. Une souche présentant au moins une résistance à un antituberculeux a été isolée chez 18 patients (8 %), dont 5 avec antécédent de traitement. La moyenne d’âge des patients était de 37 ans [18-84 ans]. Le sexe ratio était de 1,57 et une séropositivité pour le VIH concerne 7 patients (39 %). Les formes cliniques correspondaient dans 78 % (N=14) des cas à une atteinte pulmonaire seule ou associée. Enfin, 17 patients sont nés hors de Guyane et 11 sont en Guyane depuis moins de 2 ans. Parmi les 15 souches caractérisées, cinq souches sont résistantes à la RMP (RMPR), dont 3 monorésistantes. Douze souches sont résistantes au moins à l'isoniazide (INHR), parmi lesquelles 3 associent une résistance à la streptomycine et 2 à la RMP. Parmi les souches INHR, 6 ont une mutation du gène katG, principalement S315T (5) et 5 ont une mutation du promoteur des gènes inhA/fabG (c-15t (3) et g-17t (2)). Une souche associe deux mutations rares dans katG (W191G) et ahpC (c-57t). Pour la RMPR, 4 souches présentent des mutations dans rpoB associées à la résistance (D435Y (3/4), L430P (1/4)), sans que celle-ci ne soit détectable phénotypiquement. Parmi elles, une souche est MDR (L430P), et 2 des souches (D435Y) sont issues de cas épidémiologiquement reliés. Concernant les 2 souches MDR, l'une appartient à la lignée 4 (famille T1) et correspond à un cas de résistance primaire, tandis que l'autre souche appartient à la lignée 2 (famille Beijing) et correspond à une résistance secondaire.
Discussion |
Notre étude décrit le profil de la tuberculose résistante en Guyane. La séropositivité VIH est une caractéristique deux fois plus fréquente dans les tuberculoses résistantes que dans les tuberculoses multisensibles (39 % vs 22 %). Malgré le faible effectif de souches résistantes, la diversité des mutations conférant la résistance à l'INH est inhabituellement équilibrée entre les gènes katG et inhA. Concernant la résistance à la RMP, les mutations retrouvées et leur expression phénotypique illustrent la circulation de souches particulières sur le territoire justifiant leur séquençage plus complet. Alors qu'aucune souche MDR n'avait été isolée depuis 2015, deux tuberculoses MDR ont été diagnostiquées en 2023, illustrant l'importance d'une détection rapide des résistances.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 4S
P. S7 - décembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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