Étude transfrontalière de séroprévalence des hépatites virales B, C et D et du VIH dans des communautés amazoniennes isolées à la frontière entre la Guyane et le Suriname - 13/12/24
Résumé |
Introduction |
L’épidémiologie des hépatites virales B (HVB), C (HVC) et D (HVD) et du VIH est moins bien connue dans les zones rurales de Guyane, bien que l'on suspecte une plus grande prévalence et des facteurs de risque spécifiques liés au mode de vie. L'objectif principal de l’étude MaHeVi était l'estimation des prévalences des HV B, C, D et du VIH en population générale adulte sur le Maroni. Les objectifs secondaires étaient l'identification des facteurs de risque pour ces infections et l’évaluation des connaissances, attitudes et pratiques sur les hépatites virales B et C.
Méthode |
MaHeVi est une étude transversale qui a été préparée avec l'aval et l'aide des chefs coutumiers et des acteurs de santé locaux. Une évaluation anthropologique préalable a permis d'identifier des facteurs de risque potentiels spécifiques (kotis, bouglous et bains de vapeur vaginaux) et d’élaborer un questionnaire et une communication adaptés.
Les participants, âgés de 18 ans ou plus, ont été recrutés entre janvier 2018 et février 2019 sur les deux rives du Maroni, à partir d'Apatou et en amont jusqu'au Haut-Maroni. Après signature du consentement, du sang capillaire a été prélevé sur papier buvard par piqûre au bout du doigt, et un questionnaire a été mené en tête à tête, par des médiateurs communautaires formés. Les buvards ont été analysés en AgHBS, Ac anti-HBc, Ac anti-HBs, (± Ac anti-HBe, ADN VHB et Ig Delta pour l'HVD) pour l'HVB, Ac anti-VHC pour l'HVC, et test combiné P24 / Ac anti-VIH pour le VIH. Les prévalences brutes ont été corrigées par pondération post-stratification sur la structure de la population (âge, sexe et lieu de résidence).
Résultats |
2286 participants ont été analysés, dont 34,6 % inclus au Suriname et 56,3 % de femmes (âge médian 42 ans).
Pour l'HVB, la prévalence corrigée (PC) était de 2,26 % [IC95 % : 1,64-2,88] ; 28,1 % présentaient une infection ancienne guérie et 24,0 % une protection vaccinale efficace. Le sexe transactionnel était lié à l'HVB en bivarié, mais pas après ajustement sur l’âge et le sexe.
La PC de l'HVC était de 0,79 % [IC 95 % : 0,12-1,47]. Après ajustement sur l’âge et le sexe, l'injection de drogue IV et le pays de naissance (Guyane ou autre, versus Suriname) étaient associés à l'infection. Pour le VIH la PC était de 0,73 % [IC 95 % : 0,00 % - 1,52 %] (soit 14/2152 participants) ; l’âge et la langue maternelle (toute langue versus langue amérindienne ou du fleuve) étaient significativement liés à la séropositivité.
Les connaissances sur les hépatites B et C étaient faibles : 1/3 des participant avaient entendu parler de l'HVB et 1/5 de l'HVC. Environ 1/2 ont cité les rapports sexuels non protégés comme facteur de risque mais 1/3 pensait que les moustiques jouaient un rôle dans la transmission. Respectivement 61 % et 62 % ont déclaré n'avoir jamais eu de test de dépistage de l'HVB et de l'HVC et 12,1 % ont déclaré avoir été vaccinés contre l'HVB.
Discussion |
MaHeVi a permis de sensibiliser la population et de montrer que la prévalence de ces infections était légèrement inférieure à celle des zones urbaines, mais suffisamment importante pour nécessiter une information et une sensibilisation adaptée, un dépistage régulier et des campagnes de vaccination de rattrapage contre l'HVB. De plus, cette étude a montré que certaines pratiques potentiellement à risque comme les kotis, les bouglous et les bains de vapeur vaginaux, bien que fréquentes, n’étaient pas associées aux HV B, C, ou au VIH.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 4S
P. S4-S5 - décembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?