Une histoire de miliaires dans une cabane - 13/12/24
Résumé |
Nous rapportons ici l'histoire de 4 patients hospitalisés au CHU de la Guadeloupe la même semaine en mai 2022 pour une détresse respiratoire aiguë chez des patients sans immunodépression connue. Le tableau clinique associe toux, dyspnée brutale et fièvre élevée. Le scanner thoracique met en évidence des lésions micronodulaires diffuses, mais également la présence de verre dépoli de distribution hétérogène avec des lobules sains. 1 patient est intubé ventilé devant la gravité de la détresse respiratoire. Une autre est placée sous oxygénothérapie haut débit. Les 2 derniers sous oxygénothérapie simple. L'interrogatoire va révéler que ces 4 patients ont participé ensemble au nettoyage d'une cabane désaffectée. Les prélèvements microbiologiques sont réalisés comprenant un LBA lorsque cela est possible. La recherche bactérienne et virale est négative. La recherche fongique également à l'examen direct. Une PCR histoplasmose sur les prélèvements respiratoire revient négative pour les 2 premiers patients. Devant l'association de ces cas groupés, l'ARS est alertée et envoie un inspecteur sur place pour des constatations et des prélèvements environnementaux du sol (photos disponibles). L'enquête auprès des autres sujets présents pour le nettoyage de la cabane par le CLAT permet de mettre en évidence la présence de 3 autres patients symptomatiques ne nécessitant pas d'hospitalisation. Le LBA du troisième patient reviendra finalement positif en PCR à Histoplasma spp et les prélèvements de sol à Histoplasma capsulatum en NGS.
Les patients ont été traité en probabiliste par antibiothérapie et un antifongique : amphotéricine B liposomale pour les patients de réanimation et Itraconazole pour les patients de pneumologie. Après identification de l'histoplasmose, une corticothérapie a été ajoutée qui a permis une résolution rapide des symptômes. La recherche d'immunodépression sera négative chez l‘ensemble des patients sauf le plus sévère (myélome).
Ces cas mettent en évidence l'importance du contexte anamnéstique pour aboutir au diagnostic. Ils montrent ensuite la nécessité d'une collaboration des praticiens des différentes spécialités de l’établissement pour identifier ces cas groupés et les relier entre eux. Ils illustrent aussi la nécessité de collaborer rapidement avec les ingénieurs environnementaux en cas de prélèvements négatifs. Ils permettent enfin de discuter l'apport de la métagénomique dans les recherches étiologiques.
Concernant la gravité des patients avec une atteinte respiratoire isolée chez des patients immunocompétents survenant très rapidement après l'exposition, nous émettons l'hypothèse d'une pneumopathie d'hypersensibilité (PHS) provoquée par l'exposition. En effet, le pattern scannographique est compatible et cela expliquerait les nombreux prélèvements négatifs chez ces patients qui apparaissent discordants avec la gravité de leur tableau respiratoire et l'importance de la charge fongique dans le sol. L’évolution rapidement favorable sous corticothérapie est également en faveur.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 3 - N° 4S
P. S30 - décembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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