La Guyane est un territoire qui connaît une forte incidence des infections sexuellement transmissibles (IST) et plus spécifiquement le VIH et la Syphilis. Les connaissances et les croyances en santé sexuelle sont très variables et influencent leur comportement sexuel des jeunes.

Le Régiment du service militaire adapté (RSMA) de Guyane est un dispositif militaire d'insertion socioprofessionnelle à destination des guyanais âgés entre 18 et 25 ans, avec ou sans diplôme, éloignés du monde de l'emploi. L'insertion de ces jeunes est la mission première de l'encadrement militaire et des enseignants.

La Croix Rouge Française (CRF) à Cayenne propose une intervention en santé sexuelle au RSMA depuis 2021. Ces interventions en santé sexuelle et affective effectuées par la CRF à destination des jeunes volontaires du RSMA viennent répondre à un besoin d'amélioration des connaissances, attitudes et pratiques vis-à -vis des IST afin de déconstruire certaines croyances.

Décrire l'intervention de prévention de la CRF • Décrire la satisfaction des jeunes vis-à-vis des interventions • Décrire le profil IST des jeunes du RSMA.

Une intervention mensuelle interactive et participative, pour deux groupes de 10 jeunes abordant la sexualité, la pose de préservatifs interne et externe, le consentement, les violences sexuelles, les modes de transmissions des IST, la contraception, les lieux de dépistage. Une animation de 2 h 30 pour chaque groupe avec des outils ludiques : le photolangage, le « Nou (Pa) Ka Jwé », les cartes de contraception et la pose de préservatifs. Un entretien médical individuel de dépistage des IST avec réalisation de PCR urinaires et de tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) +/- sérologies.

Un auto-questionnaire anonyme de satisfaction à la fin des interventions

326 jeunes de toute la Guyane ont pu bénéficier des interventions entre 2021 et 2024. L’âge moyen était de 20 ans avec un sex-ratio (H/F) de 1,75.

A l'issue des interventions, les jeunes du RSMA ont déclaré : à 85,82 % être « beaucoup satisfaits » du déroulement des séances collectives ; à 81,34 % une « amélioration de leurs connaissances vis-à-vis des IST » et à 99,25 % une « meilleure identification des lieux de dépistage des IST ». Ils ont souhaité à 88,81 % « une nouvelle séance d’éducation à la sexualité ». Un jeune sur dix avait un ATCD d'IST ; un tiers était multipartenaires ; 1 % étaient asymptomatiques et un sur cinq avait au moins une IST (15 % de chlamydias ; 7,5 % de gonocoques ; sept cas de syphilis active et un cas de VIH). En régression logistique multivarié, le sexe féminin (OR = 2,4 ; p = 0,001), le multipartenariat (OR = 3 ; p < 0,001) et un antécédent de test vih (OR = 2,5 ; p = 0,01) augmentaient le risque d'IST chez les jeunes du RSMA.

Les jeunes Guyanais du RSMA apprécient les séances d’éducation à la sexualité. Bien qu'asymptomatique, un sur cinq était porteur d'une IST. Il faudrait donc poursuivre ces interventions en insistant sur les lieux de dépistage et en proposant davantage d'actions de prévention auprès des jeunes guyanais avec des outils permettant un apprentissage et une intégration facile des moyens de prévention des IST.