Du désir parental de consulter au risque de la maltraitance infanto-juvénile - 13/12/24
From the parental desire to consult to the risk of child abuse
Résumé |
Objectif |
Cette contribution propose d’aborder différents aspects de la posture parentale quant au fait de consulter (ou non) pour l’enfant, que ce soit pour une question de santé physique et/ou psychique, afin de dégager quelques pistes susceptibles d’aider le professionnel. Pour ce faire, nous explorerons différents cas de figure du « désir » du parent de consulter un intervenant de la sphère médico-psycho-sociale, dont les répercussions conduisent le cas échéant l’enfant en situation de maltraitance.
Méthode |
Au risque d’être schématique, nous proposons de regrouper en sept catégories les postures possibles lorsque le parent fait appel ou non à un professionnel pour quelque raison que ce soit. Nous assumons la modalité arbitraire de cette classification. Précisons que chaque tableau présenté ici à un temps « x », celui du contact « professionnel–parent(s)–enfant », peut basculer d’une catégorie à l’autre en fonction de l’évolution de plusieurs paramètres, qu’ils soient individuels, relationnels, contextuels.
Résultats |
Nous nous centrerons sur deux cas de figure spécifiques qui traduisent des angoisses massives de l’adulte à l’égard de l’enfant, l’entraînant dans un processus allant jusqu’à la construction délirante à son propos, ou d’un processus plus ou moins élaboré d’utilisation de l’état du jeune dans un objectif défini. Ainsi, nous développerons, d’une part, les situations de syndrome d’aliénation parentale (SAP), et d’autre part, les situations de création de symptômes chez l’enfant par le parent, dont le paradigme est représenté par le syndrome de Münchausen par procuration (SMPP).
Discussion |
Derrière le désir de consulter et la préoccupation du parent envers l’enfant, on observe des situations d’inadéquation parentale parfois bien camouflées, difficiles à repérer. Ainsi, gardons à l’esprit l’hypothèse d’une maltraitance infanto-juvénile, lorsqu’on s’interroge sur les tenants et aboutissants d’une démarche de consultation qui suscite de la perplexité, d’une préoccupation parentale déconcertante… Précisons encore que nous évoquons ces entités en prenant comme paradigmes les mères faisant appel au professionnel, en tant que personnes centrales des dynamiques complexes à l’œuvre ; il est évident que nombre de situations concernent des pères, certainement lorsqu’il s’agit de processus d’aliénation. Quoiqu’il en soit, il nous semble utile, dans la perspective d’un accompagnement pertinent de l’enfant et de son entourage, d’aborder le plus précisément possible le contexte relationnel rencontré. Comprendre sans juger constitue habituellement une première étape de toute intervention d’aide et de soins. À défaut, le professionnel est menacé de n’être qu’un acteur plongé (in)-volontairement, (in)-consciemment, au sein d’un système hypothétiquement maltraitant. In fine, il y a lieu d’être prudent lorsque nous estimons qu’un enfant est instrumentalisé car bien des cas de figure se rencontrent…
Conclusion |
Un des risques pour l’intervenant est de s’arrêter à la demande première du parent sans prendre le temps d’explorer les tenants et aboutissants de la démarche. L’enfant est alors objet de consultation et non sujet de soin. Soulignons aussi que le motif de consultation n’est parfois présent que dans les représentations du parent, ses convictions voire ses certitudes ; il peut arriver que l’enfant ne manifeste ni dans son corps ni dans son fonctionnement psychique ou relationnel de signes d’appel francs. Plus que jamais, la part de subjectivité est présente tant dans le chef du parent que du professionnel. Il nous faudra dès lors faire preuve de prudence en nous étayant sur quelques points de repère afin d’éviter de produire ce qu’on redoute.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Objective |
This contribution proposes to address different aspects of parental posture as regards the decision to seek help (or not) for their child, whether for a physical and/or mental health issue, in order to identify some possible ways of helping the professional. To do this, we will explore different scenarios of the parent's “desire” to consult a medical-psycho-social worker, whose repercussions can result in a situation of child abuse.
Method |
At the risk of being schematic, we propose to group into seven categories the possible postures used by the parent when consulting, or not consulting, a professional for any reason. We accept the arbitrary nature of this classification. It should be noted that each table presented at the moment of the initial professional/parent(s)/child contact can switch from one category to another according to the evolution of several parameters, whether they are individual, relational, or contextual.
Result |
We will focus on two specific cases that reflect the adult's massive anxieties towards the child, which can lead to the parent's development of delusions about the child, or a more or less elaborate process of using the state of the young person for a defined purpose. Thus, we will present, on the one hand, situations of parental alienation syndrome (PAS) and, on the other hand, situations in which parents “create” symptoms in their children, whose paradigm is represented by Munchausen syndrome by proxy (MSP).
Discussion |
Behind the desire to seek professional help and the parent's concern for the child, there are sometimes hidden situations of parental inadequacy that are difficult to identify. Thus, let us keep in mind the hypothesis of child abuse, when we question the ins and outs of a consultation approach that gives rise to puzzlement, to a disconcerting parental concern… Let us also point out that we evoke these entities by taking as paradigmatic the case of a mother calling on the professional; it is obvious that many situations concern fathers, certainly when it comes to processes of alienation. In any event, it seems to me useful, from the point of view of relevant support for the child and his or her entourage, to address as precisely as possible the relational context encountered. Understanding without judgment is usually the first step in any care and support intervention. Otherwise, the professional is threatened with being merely an actor immersed (in)-voluntarily, (un)-consciously, in a hypothetically abusive system. Ultimately, we have to be careful when we consider that a child is being used as a tool, because there are many situations…
Conclusion |
One of the risks for the professional is to take at face value the parent's primary request without taking the time to explore the ins and outs of the process. The child in this case is the object of a consultation, not the object of care. It should also be pointed out that the reason for consultation is sometimes present only in the representations of the parent, their convictions or even their certainties; it may happen that children do not display clear calls for help in their body or in their psychological or relational functioning. More than ever, the share of subjectivity is present in both the parent and the professional. We will therefore have to be careful to base ourselves on a few benchmarks in order to avoid producing what is feared.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Aliénation parentale, Clivage, Déni, Maltraitance, Négligence, Parentalité, Syndrome de Münchausen par procuration
Keywords : Parental alienation, Splitting, Denial, Abuse, Neglect, Parenthood, Munchausen syndrome by proxy
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