Hyperthermie de l'adulte : coup de chaleur d'exercice et environnemental - 04/12/24
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Résumé |
Le coup de chaleur est une pathologie méconnue, à la prise en charge souvent approximative. Les points clés, tant du diagnostic que du traitement, sont trop souvent ignorés. Il existe pourtant une mise en jeu rapide du pronostic vital, et les médecins urgentistes en régulation, en préhospitalier et aux urgences possèdent un rôle prépondérant dans la bonne gestion de ces patients. En cela, il s'agit tout d'abord d'un défi pédagogique et clinique. Deux tableaux cliniques assez distincts cohabitent sous le même vocable de coup de chaleur. Celui-ci est dit coup de chaleur d'exercice lorsqu'il associe un effort, une encéphalopathie pleïomorphe et une hyperthermie centrale, et coup de chaleur environnemental lorsque l'exposition à une température caniculaire remplace l'effort. L'encéphalopathie est pleïomorphe : ataxie, confusion (rares) ; elle évolue naturellement vers des troubles de conscience jusqu'au coma. La température ne doit être mesurée qu'en rectal profond, elle sera quasi constamment supérieure à 40°C. Pour le coup de chaleur d'exercice, les facteurs de risque sont individuels (antécédent de coup de chaleur, manque d'entraînement, surmotivation) ou environnementaux et organisationnels (température extérieure, taux d'hygrométrie, absence de vent, port de charges lourdes, vêtements couvrants etc.). Pour le coup de chaleur environnemental, le déterminant principal est la durée et l'intensité de l'épisode caniculaire, associée à la qualité des mesures de prévention. Le coup de chaleur est également un enjeu logistique puisque, dès la suspicion, le refroidissement le plus agressif possible doit être conduit. Le traitement de référence est l'immersion immédiate, prolongée, sans pause, dans de l'eau la plus froide possible. Le patient y est intégralement immergé, cuir chevelu compris, seules les voies aériennes sont maintenues hors de l'eau. Cette immersion nécessite une anticipation en amont des épreuves sportives : mise en place de baignoires avec plusieurs centaines de litre d'eau par patient, livraison de glaçons, sondes de mesure de la température rectale disponibles. Elle peut également être improvisée efficacement avec des bâches tenues aux quatre coins. À défaut d'immersion, l'aspersion abondante par eau froide associée à une ventilation vigoureuse est la deuxième technique la plus efficace. Les autres techniques (froid ou glace sur les axes vasculaires) sont inutiles et rassurent à tort le clinicien ; elles doivent être abandonnées. La prise en charge préhospitalière est efficace et doit être entreprise au plus tôt. Idéalement, le transport en milieu hospitalier n'est réalisé qu'une fois le patient normotherme. Une surveillance biologique rénale mais surtout hépatique est alors initiée, avec un tableau classique de cytolyse apparaissant à J2 et maximal à J5-8. En cas de diagnostic et de traitement tardifs et/ ou inefficaces, une défaillance multiviscérale clinicobiologique peut s'installer très rapidement.
Mots-clés : Coup de chaleur d'exercice, Température rectale, Immersion glacée, Cytolyse hépatique, Logistique
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