Aspects étiologiques et évolutifs des thromboses veineuses jugulaires internes : expérience d’un service de médecine interne - 28/11/24
Résumé |
Introduction |
Les thromboses veineuses jugulaires internes (TVJI) sont rares, représentant moins de 5 % de l’ensemble des évènements thromboemboliques. La morbidité de cette localisation insolite, souvent méconnue, est élevée avec un risque accru de mortalité. Les étiologies sont multiples, dominées par les causes locorégionales et l’origine néoplasique. L’objectif de notre étude est de déterminer le profil étiologique et évolutif des TVJI dans un service de médecine interne.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective, descriptive et monocentrique menée au service de médecine interne B de l’Hôpital militaire d’instruction Mohammed V de Rabat durant une période de 6 ans (2019–2024). Le diagnostic de TVJI était retenu sur les données de l’imagerie par écho-doppler veineux ou angioscanner.
Résultats |
Parmi 125 cas de maladie thromboembolique veineuse (MTEV), 11 avait une TVJI (8 %). Il s’agissait de 10 femmes et 1 homme, d’âge moyen de 52 ans avec des extrêmes de 22 et 81 ans. Les manifestations cliniques révélatrices étaient dominées par un œdème en pèlerine (n=6), une augmentation douloureuse du volume du membre supérieur (n=3), une masse latérocervicale (n=2) et une douleur thoracique avec dyspnée (n=2). La thrombose était authentifiée par l’écho-doppler veineux chez 8 patients et par angioscanner chez 3 autres. Il s’agissait d’une localisation unilatérale et isolée dans 10 cas avec une prédominance à gauche, alors qu’elle était bilatérale dans 1 cas. La thrombose était étendue dans 4 cas (au tronc brachiocéphalique : 2 cas, à la veine cave supérieure : 2 cas). Les étiologies identifiées étaient les suivantes : cathéters veineux et/ou chambres implantables (n=3), tuberculose ganglionnaire (n=2), SAPL (n=2), néoplasies (n=2), stimulation ovarienne (n=1), d’origine indéterminée (=1). Le traitement faisait appel dans tous les cas à une anticoagulation curative par héparine de bas poids moléculaire avec relais par AVK. Un traitement étiologique était associé dans certains cas. L’évolution était marquée par une reperméabilisation de VJI mais aussi l’apparition d’un sd post thrombotique chez 2 de nos patients. Nous n’avons pas objectivé d’embolie pulmonaire, ni de complications hémorragiques liés au traitement.
Discussion |
Les thromboses veineuses profondes des extrémités supérieures ne représentent que 4–10 % de l’ensemble des épisodes thrombotiques veineux. La localisation TVJI, très rare, peut être unilatérale ou bilatérale. Ce dernier caractère est un indicateur de malignité. Les TVJI secondaires répondent à des étiologies multiples notamment locorégionales d’origine infectieuse ou liée à une lésion de la paroi vasculaire par cathétérisme veineux central. Vient en seconde position l’origine néoplasique. Elles peuvent également survenir dans le cadre d’une procréation médicalement assistée (PMA) qui peut se compliquer d’un syndrome d’hypersensibilité ovarienne (SHO). Dans le cas des TVPJI primaires, il s’agit le plus souvent du syndrome du défilé thoracique ou alors du syndrome d’effort. Elle peut aussi demeurer d’origine idiopathique. Les complications sont présentées essentiellement par l’embolie pulmonaire (5–10 %) qui est la plus redoutable et survient essentiellement dans le cadre d’une TVJI secondaire. Par ailleurs, le syndrome post-thrombotique peut survenir dans 15 % des cas, alors qu’une récidive a été retrouvée chez 2,8 % des patients surtout dans un contexte de néoplasie.
Conclusion |
La TVJI est une affection rare qu’il faut savoir évoquer devant des signes cliniques peu spécifiques. Les étiologies sont dominées par les causes locorégionales et néoplasiques. Le pronostic dépend de la rapidité d’instauration du traitement anticoagulant mais également de la cause sous-jacente.
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Vol 45 - N° S2
P. A570 - décembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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