Masse pseudo-tumorale du cavum et des fosses nasales : se méfier de la tuberculose ! - 28/11/24
Résumé |
Introduction |
La localisation ORL de la tuberculose est rare. Le cavum est touché dans moins de 1 % des cas ; la forme primitive est exceptionnelle. L’aspect anatomoclinique est souvent celui d’une masse pseudo-tumorale évoquant en premier lieu une néoplasie. Le diagnostic positif repose sur l’histologie et la microbiologie.
Observation |
Il s’agissait de Mme F.H. âgée de 60 ans ; vaccinée contre la tuberculose dès l’enfance ; aux antécédents de multiples valvulopathies compliquant un rhumatisme articulaire aigu post-streptococcique depuis le jeune âge avec remplacement valvulaire aortique et mitral et candidate pour un remplacement tricuspidien. Elle signalait au cours de la consultation pré-anesthésie générale une obstruction nasale évoluant depuis 3 ans. L’examen ORL avec endoscopie nasale montrait une masse bourgeonnante au dépend du cornet inférieur gauche, obstruant presque la totalité de la fosse nasale qui est infranchissable, un bombement régulier de la paroi postérieur du cavum et une masse charnue pédiculée irrégulière au niveau de la paroi latérale du cavum. Le scanner du massif facial montrait une formation tissulaire de rehaussement modéré centrée sur le cornet inférieur gauche avec une lyse osseuse en regard, une rétraction à gauche de la cloison nasale en regard du processus tissulaire de la paroi libre du cavum avec des ganglions cervicaux de la chaîne Ib et II infra-centimétriques. La biopsie nasale montrait une inflammation granulomateuse avec nécrose suppurée de la fosse nasale gauche avec absence d’agent infectieux ni cellules malignes. La biopsie du cavum montrait une inflammation granulomateuse non nécrosante au niveau de la paroi latérale droite. D’où elle nous a été adressée pour enquête étiologique. Comme signes fonctionnels, elle rapportait la notion d’épistaxis intermittentes avec une obstruction nasale chronique. Il n’y avait pas de signes généraux, pas de contage tuberculeux, ni de symptomatologie respiratoire. L’examen physique était sans particularités, hormis des souffles aux foyers tricuspidien et aortique, en particulier pas de fièvre, pas de syndrome tumoral. L’examen ophtalmologique avec fond d’œil était normal. La radiographie thoracique était normale. À la biologie, il n’y avait pas de syndrome inflammatoire ni d’anomalies à l’hémogramme. La fonction rénale et le bilan hépatique étaient corrects. Le bilan phosphocalcique était normal. La protéinurie de 24h était négative. La calciurie de 24h était normale. Les sérologies de la brucellose, de la syphilis, de la toxoplasmose et du VIH étaient négatives. L’intradermoréaction à la tuberculine était négative ainsi que les recherches du bacille de Koch (BK) dans les crachats et les urines. Le dosage des ANCA et la cryoglobulinémie étaient négatifs. La biopsie nasale refaite, montrait une inflammation granulomateuse avec nécrose suppurée au niveau de la muqueuse nasale. La biopsie labiale ne montrait pas de granulome. La PCR « Polymerase Chain Reaction » du BK sur biopsie nasale était positive à Mycobacterium Tuberculosis. Il n’y avait pas de surinfection ; le prélèvement bactériologique était négatif. La patiente était mise sous thérapie antituberculeuse avec bonne évolution.
Discussion |
La tuberculose ORL est une affection rare ayant des symptômes polymorphes et non spécifiques : obstruction nasale, rhinorrhée, épistaxis ; adénopathies cervicales. L’endoscopie nasale montre généralement un aspect pseudo-tumoral : une formation bourgeonnante ou ulcération dont la biopsie s’impose pour la confirmation du diagnostic. L’étude microbiologique classique nécessite 4 à 6 semaines pour isoler le BK. La PCR est plus sensible et permet un diagnostic plus rapide même avant la preuve histologique. Le traitement repose sur le traitement antituberculeux classique pour une durée plus prolongée entre 8 et 9 mois.
Conclusion |
La localisation ORL primitive de la tuberculose présente un challenge diagnostique, devant la symptomatologie non spécifique et l’aspect radio-endoscopique simulant une lésion néoplasique. La biopsie est indispensable pour le diagnostic. Le traitement est médical et le pronostic est souvent favorable.
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Vol 45 - N° S2
P. A501-A502 - décembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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