Syndrome de Takotsubo associé au COVID-19 : cas clinique - 28/11/24
Résumé |
Introduction |
Le SARS-CoV-2, un virus appartenant à la famille des Coronaviridae, est apparu à Wuhan, en Chine, en 2019, déclenchant une pandémie mondiale. Ses manifestations cliniques vont de l’asymptomatique à des formes sévères, touchant particulièrement les personnes âgées ou celles présentant des comorbidités. Il est notable que le COVID-19 a été associé à diverses complications cardiovasculaires, y compris des arythmies, des myocardites, des infarctus du myocarde et des insuffisances cardiaques. De manière intrigante, il a été rapporté que le COVID-19 pourrait augmenter la susceptibilité au syndrome de Takotsubo.
Observation |
Une femme de 71 ans s’est présentée aux urgences pour une chute avec lipothymie, nausée et faiblesse générale. Ses antécédents sont les suivants : un déficit intellectuel, de l’asthme, de l’épilepsie, de l’hypertension artérielle et une dyslipidémie. La patiente avait reçu quatre doses de vaccin contre le COVID-19, la dernière dix mois avant sa présentation à l’hôpital. À l’admission, elle ne présentait pas de dyspnée, pas de toux, pas de douleur thoracique ni de fièvre. Elle présentait cependant une tachycardie à 126bpm. Tous les autres paramètres vitaux étaient dans les normes physiologiques : saturation en oxygène à l’air ambiant de 94 %, pression artérielle de 119/87mmHg et température de 37,1°C. L’examen clinique était normal. L’électrocardiogramme montrait une tachycardie sinusale avec élévation du segment ST en V3-V4 et un trouble de la repolarisation avec des ondes T négatives diffuses. Cinq jours après l’admission, l’électrocardiogramme montrait une association d’ondes T profondément inversées et un allongement de l’intervalle QT (QTc 560msec). Les tests de laboratoire réalisés à l’admission ont montré des taux élevés de troponine à 5899ng/L ayant évolué à 7599ng/L une heure plus tard. Le test PCR pour le SARS-CoV-2 est revenu positif. Une échocardiographie transthoracique réalisée à l’admission a révélé une dyskinésie apicale sévère avec un « ballooning » typique du ventricule gauche, correspondant au syndrome de Takotsubo. La fraction d’éjection du ventricule gauche (FEVG) était réduite à 30 %. Un bêtabloquant et un inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine ont été prescrits. Une nouvelle échocardiographie réalisée 10jours après l’admission a montré une récupération complète avec une FEVG à 60 %. Aucun événement cardiaque majeur n’a été rapporté lors des consultations de suivi à un mois et à trois mois.
Discussion |
Ce syndrome est souvent déclenché par un stress émotionnel intense. Cependant, le cas de notre patiente est inhabituel car elle a développé ce syndrome en réponse à une infection très légère au COVID-19 et sans aucun stress émotionnel apparent. Plusieurs cas de syndromes de Takotsubo ont été documentés mais dans le contexte d’infections sévères à COVID-19 nécessitant la ventilation non invasive, l’intubation ou l’utilisation de l’ECMO en unité de soins intensifs et entrainant de ce fait un stress physique et émotionnel important. Le stress aigu, qu’il soit physique ou émotionnel, entraîne une libération massive de catécholamines, qui provoque une vasoconstriction coronarienne, une microangiopathie et une atteinte myocardique directe. Le COVID-19 peut exacerber cette réponse via une inflammation systémique, une hypoxie et un déséquilibre du système rénine-angiotensine aldostéron, rendant le myocarde plus vulnérable. Le traitement du syndrome de Takotsubo est généralement symptomatique avec l’utilisation de bêta-bloquants et d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine et une surveillance des complications, notamment les arythmies ventriculaires et l’insuffisance cardiaque aiguë. La récupération est généralement complète, comme observé chez notre patiente.
Conclusion |
En résumé, le syndrome de Takotsubo est une complication rare du COVID-19. Les cliniciens prenant en charge des patients atteints de COVID-19 doivent être conscients de cette complication potentielle, qui peut entraîner une insuffisance cardiaque, des arythmies ventriculaires et un choc cardiogénique. Ce cas suggère que ce syndrome peut survenir même dans les infections très légères. Notre observation souligne la nécessité de recherches supplémentaires sur l’association entre le syndrome de Takotsubo et le COVID-19, en particulier chez les patients paucisymptomatiques, et sur ses implications potentielles dans sa prise en charge.
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Vol 45 - N° S2
P. A499-A500 - décembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.